Bénin : les bons offices d’Alassane Ouattara pour sortir du bras de fer Patrice Talon-Thomas Boni Yayi

Le président ivoirien a envoyé un médiateur à Cotonou pour tenter de sortir de la crise entre le président béninois Patrice Talon et son prédécesseur Thomas Boni Yayi.

Thomas Boni Yayi, Patrice Talon et Alassane Ouatara, à l’issue d’une rencontre le 18 août 2016 à laquelle participait également Faure Gnassingbé. © DR / Présidence ivoirienne (copie d’écran : https://www.youtube.com/watch?v=qqg3b1755ow)

Thomas Boni Yayi, Patrice Talon et Alassane Ouatara, à l’issue d’une rencontre le 18 août 2016 à laquelle participait également Faure Gnassingbé. © DR / Présidence ivoirienne (copie d’écran : https://www.youtube.com/watch?v=qqg3b1755ow)

Publié le 17 juin 2019 Lecture : 3 minutes.

Une médiation ivoirienne a débuté à Cotonou. Au coeur du dispositif, Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence ivoirienne, qui s’est rendu au Bénin le mercredi 12 juin, missionné par Alassane Ouattara. Ce déplacement faisait suite à une nouvelle visite à Abidjan de Pascal Koupaki, ministre d’État et secrétaire général de la présidence béninoise, et d’Aurélien Agbenonci, ministre des Affaires étrangères, le 10 juin dernier.

Selon nos sources, les deux ministres béninois ont affirmé à Alassane Ouattara que Patrice Talon était prêt à laisser l’ex-président Thomas Boni Yayi quitter le Bénin, comme le demandent ses avocats. ADO s’est dit prêt à les aider à dénouer la situation, comme il avait pu le faire en août 2016, lorsqu’il avait été l’artisan de la « réconciliation » entre les deux hommes, à Abidjan.

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Parallèlement, les anciens présidents nigérian Olusegun Obasanjo et ghanéen John Kufuor ont adressé un courrier à la Cédéao et à l’Union africaine réclamant aux deux instituons réclamant « d’envoyer une délégation pour appeler le président Talon à libérer son prédécesseur qui a besoin d’attention médicale à l’étranger » et de « prendre des mesures pour éviter que la situation ne se détériore » au Bénin.

Violences à Tchaourou

Cette médiation n’aura cependant pas empêché la situation de se détériorer dans le centre du pays, où Tchaourou, le fief de Thomas Boni Yayi, est le théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre depuis le début de la semaine dernière.

Après l’interpellation de deux personnes, soupçonnés d’être impliquées dans des violences électorales lors du scrutin du 28 avril dernier, un mouvement de colère a éclaté dans la commune d’origine de l’ancien président béninois. Dénonçant des « arrestations arbitraires », les manifestants ont lors bloqué l’axe Cotonou-Parakou. Les manifestants « réclamaient la libération des personnes arrêtées la veille, mais aussi la liberté pour Boni Yayi », selon un témoin contacté par Jeune Afrique.

Les affrontements ont rapidement dégénéré en échanges de tirs, une partie des protestataires utilisant des fusils de chasse contre les forces de l’ordre, déployées en masse à Tchaourou.

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L’ampleur des violences s’est encore accentuée vendredi, et s’est propagée à la ville voisine de Savè. Au moins de personnes ont été tuées dans ces affrontements. « Les agents des forces de l’ordre et de sécurité ont été dans la nuit de ce vendredi à samedi la cible de tirs nourris auxquels ils ont risposté dans les localités de Tchaourou et de Savè, tuant ainsi les assaillants », a déclaré le ministre de l’Intérieur Sacca Lafia, qui a précisé dénombrer « une cinquantaine de blessés parmi les forces de défense et de sécurité, dont 10 graves ».

Thomas Boni Yayi retranché à Cadjehoun

Depuis les violences post-électorales qui ont fait au moins quatre morts, les 1er et 2 mai dernier, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi est retranché dans sa résidence de Cadjehoun, à Cotonou.

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Le juge Aubert Kodjo, du 4ème cabinet d’instruction du tribunal de première instance de Cotonou, chargé du dossier dans l’enquête sur les violences post-électorales, a demandé à l’entendre. Le procureur de la République, Mario Métonou, avait quelques jours plus tôt affirmé que « ce qui au début apparaissait comme un mouvement spontané s’est révélé être une action planifiée, concertée et bien coordonnée », et qu’« un faisceau d’indices permet d’établir d’une part des liens entre les différentes personnes interpellées et, d’autre part, des liens entre ces personnes avec des commanditaires ».

Les avocats de l’ancien président béninois assurent pour leur part que ce dernier, souffrant, n’est pas en capacité de subir un interrogatoire et doit être évacué pour des raisons sanitaires. « Il est dans un état de santé fragile, a besoin de se faire soigner », a ainsi affirmé vendredi Me Renaud Agbodjo, l’un de ses avocats, « un rendez-vous à l’hôpital américain de Paris, jeudi, auquel il n’a pu se rendre car il craint pour sa sécurité si il sort de son domicile ».

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