À la Biennale de Venise, les artistes africains se font leur place
Avec de nouveaux pavillons nationaux et une grande visibilité dans les expositions internationales, le continent est présent en force à la plus importante biennale d’art contemporain. Et impose ses thématiques.
Une bonne biennale de Venise ne saurait exister sans un suave parfum de scandale titillant les narines des amateurs d’art attablés devant leur spritz, quelque part entre l’Arsenal et les Giardini, à l’extrémité est de la cité des doges. Cette année n’échappe pas à la règle, et c’est l’installation Barca Nostra, de l’artiste suisso-islandais Christoph Büchel, qui a cette fois suscité les hauts cris.
L’œuvre ? La carcasse rouillée d’un gros bateau de pêche – 50 tonnes, près de 23 mètres de long – installée sur le quai de l’Arsenal, juste à côté de la buvette où les visiteurs de la 58e biennale d’art contemporain, titrée « May You Live in Interesting Times », se rafraîchissent au sortir des salles d’exposition. Mais cette barque n’est pas n’importe quelle barque : le 18 avril 2015, dans le détroit de Sicile, elle a chaviré avec les 700 à 1 000 migrants subsahariens qu’elle transportait depuis les côtes libyennes vers l’Europe. Seuls 28 d’entre eux purent être sauvés lors de ce drame, l’un des pires de ces dernières années en Méditerranée… Cosa Nostra, Mare Nostrum, provocation gratuite ou engagement fort d’un artiste qui avait déjà installé une mosquée dans une ancienne église vénitienne, à chacun d’en juger.
Mais quel que soit le point de vue adopté sur les œuvres du grand raout de l’art contemporain, celui-ci mérite le détour : d’abord parce que Venise demeure une ville sublime, ensuite parce que depuis la cuvée 2015 concoctée par le commissaire d’exposition nigérian Okwui Enwezor, décédé cette année, les plasticiens du continent y sont de mieux en mieux représentés.
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