Djibouti : après le « vent de paix » dans la Corne de l’Afrique, l’Érythrée ne répond plus
Plusieurs mois après le rapprochement entre l’Érythrée et l’Éthiopie, permettant d’atténuer les conflits dans la Corne de l’Afrique, le chef de la diplomatie djiboutienne n’a toujours pas été reçu en Érythrée, où il avait pourtant été convié.
Djibouti : la métamorphose d’un carrefour géostratégique
En vingt ans, Ismaïl Omar Guelleh a transformé son petit pays en un carrefour géostratégique ouvert aux vents de la mondialisation. Sans toutefois réussir à en résoudre tous les problèmes.
La Corne de l’Afrique a connu un intense ballet diplomatique à la fin de 2018. Aussi soudain qu’inattendu, l’accord signé en juillet entre les frères ennemis d’Asmara et d’Addis-Abeba, après trois décennies de conflits, a fait souffler « un vent de paix sur la région », selon l’expression d’Issayas Afeworki, le président érythréen.
Les visites se sont alors succédé entre responsables éthiopiens, érythréens et somaliens. Puis djiboutiens. Inquiète d’être exclue des négociations, la petite république a vite été rassurée quand, au début de septembre, elle a vu atterrir à Ambouli le ministre érythréen des Affaires étrangères. Les deux États, également divisés sur des questions frontalières, n’avaient pas échangé de visite depuis dix ans.
Déception de Djibouti
Un premier pas largement encouragé par Abiy Ahmed, Premier ministre éthiopien depuis avril 2018 et grand initiateur de cette nouvelle donne. C’est lui qui est à l’origine de la poignée de main historique entre Ismaïl Omar Guelleh (IOG), le président djiboutien, et son homologue érythréen, à Djeddah, le 16 septembre, à l’issue de leur première et unique rencontre.
L’Érythrée ne montre aucune volonté de changer les choses, contrairement à ses voisins
L’occasion « d’avancer dans le processus de normalisation entre nos deux pays », avait alors estimé la diplomatie djiboutienne. Son chef, Mahmoud Ali Youssouf, avait même été convié à se rendre en Érythrée.
Mais neuf mois plus tard, il attend toujours. Depuis le 14 novembre et la levée par l’ONU des sanctions qui pesaient sur l’Érythrée depuis 2009, Asmara ne répond plus. Comme si Issayas Afeworki retombait dans ses travers, après avoir obtenu ce qu’il cherchait.
« L’Érythrée ne montre aucune volonté de changer les choses, contrairement à ses voisins », confirme un diplomate étranger en poste à Djibouti. À commencer par IOG, qui avait accepté de taire sa méfiance vis-à-vis d’Issayas Afeworki. La déception n’en est que plus grande. Et elle risque bien de faire retomber le « vent de paix ».
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