Djibouti : l’opposition en désordre de marche

Alors que le chef de l’État se prépare déjà pour les échéances électorales de 2021, ses adversaires ne parviennent toujours pas à former un front commun.

Ismaïl Omar Guelleh recevant les responsables des partis politiques, 
le 30 janvier, au palais 
de la République. © Abou Halloyta

Ismaïl Omar Guelleh recevant les responsables des partis politiques, le 30 janvier, au palais de la République. © Abou Halloyta

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Publié le 24 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Le port autonome et la ville de Djibouti., en 2015 (illustration). © Vincent Fournier/JA
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Depuis la tentative – réussie mais sans lendemain – de l’Union pour le salut national (USN), en 2013, l’opposition djiboutienne n’arrive plus à se conjuguer au singulier. Laminées lors du scrutin présidentiel de 2016, les différentes factions qui la compose n’ont pas su faire front commun, deux ans plus tard, pour les législatives de 2018, une nouvelle fois remportées haut la main par l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), du président Ismaïl Omar Guelleh.

Et ce n’est pas la « nouvelle » USN, présentée en toute discrétion au début de mars, qui va inverser la tendance. D’abord, parce qu’elle ne regroupe que des partis politiques non reconnus et qu’elle n’a attiré aucun des grands leaders historiques de l’Union première version.

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« L’USN est morte »

Daher Ahmed Farah préfère rester en Belgique, où il a été rejoint, au début d’avril, par Abdourahman Mohamed Guelleh, dit TX, qui s’est dépêché de quitter le pays une fois son passeport récupéré. Ensuite, parce que son retour sur la scène politique est loin de faire l’unanimité parmi les opposants de la nouvelle génération.

le fantasme de sa résurrection empêche aujourd’hui l’opposition de s’imaginer tout autre futur

À commencer par Ilaya Ismaïl Guedi Hared, tête de liste, lors des dernières législatives, de l’alliance formée par l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ), qu’elle dirige, et le Parti djiboutien pour le développement (PDD), et à ce titre chef de l’opposition parlementaire. « L’USN est morte, et le fantasme de sa résurrection empêche aujourd’hui l’opposition de s’imaginer tout autre futur », insiste la présidente de l’UDJ. Son allié du PDD, Mohamed Daoud Chehem, ne dit pas autre chose quand il estime qu’il est temps « de tourner la page ». Le candidat de l’USN au scrutin de 2016 estime même que c’est autour de cette alliance UDJ-PDD, « qui dure », que l’opposition doit aujourd’hui se regrouper.

Une coalition sinon rien

Les négociations ouvertes à la fin de 2017 avec l’Alliance républicaine pour le développement (ARD) et le Centre démocrate unifié (CDU) n’avaient pas empêché ces deux partis de partir chacun de leur côté. Pourtant, tous sont d’accord : « sans coalition, l’opposition ne peut exister dans les urnes », résume Mohamed Daoud Chehem. Mais entre ceux qui acceptent les règles démocratiques telles que définies par le pouvoir et ceux qui préfèrent s’abstenir, « pour ne pas faire le jeu de l’UMP », difficile de fédérer autour d’une personnalité « qui reste de toute façon à identifier », rappelle Ilaya Ismaïl Guedi Hared.

À un peu moins de deux ans du prochain scrutin présidentiel, le temps est pourtant compté. D’autant que, profitant des atermoiements de ses adversaires, Ismaïl Omar Guelleh semble déjà dans les starting-blocks. Et ce n’est pas une opposition une nouvelle fois divisée qui risque de lui contester sa victoire.

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