Libre-échange : ces écueils qui peuvent faire dérailler la Zlec
Dans la mise en œuvre de la Zlec, deux points sont à surveiller de près : le bénéfice de l’accord pour les pays qui n’ont pas de ressources naturelles ou pas d’accès à la mer, et l’avenir des relations commerciale avec l’UE, qui accorde aux APE des conditions d’importation avantageuses.
La Zlec va-t-elle creuser les inégalités entre pays ? C’est l’une des critiques le plus souvent formulées à l’égard de l’accord. « Des pays comme le Maroc, l’Égypte, le Kenya ou l’Afrique du Sud ont une avance financière qui les protège et qui justifie le fait que la Zlec ne leur fasse pas peur », rappelle Pierre Jacquemot, chercheur à l’Iris.
« Mais qu’en sera-t-il des pays qui n’ont pas de ressources naturelles ou pas d’accès à la mer, ceux du Sahel par exemple ? Pour eux, sans mécanisme de compensation ou de péréquation, l’argument des bénéfices du libre-échange n’apparaît guère convaincant. Mettre sur un même marché le Maroc, dont 75 % de ses exportations sont composées de plus de 80 lignes de produits, et le Tchad, pour qui seul le pétrole totalise plus de ce même taux (82 %), se révèle être un rapport inégal ».
- La concurrence de l’Union européenne
La Zlec peut-elle être concurrencée par les accords de libre-échange passés par certains pays avec l’UE ? Preuve que la compétition s’annonce rude : « Les élites politiques ont jugé qu’il fallait rendre la Zlec plus attrayante que les Accords de partenariat économique (APE) en décidant d’exempter de taxes douanières 90 % des lignes de produits quand ce taux n’est que de 75 % pour les APE », rapporte un ancien négociateur.
« Mais que feront les pays ayant des liens anciens avec l’UE, comme le Maroc ou la Tunisie dont un grand nombre de produits ont des intrants en provenance de l’Europe ? »
En d’autres termes, ces productions fabriquées à partir de marchandises importées dans le cadre avantageux des APE pourront-elles ensuite être vendues en Afrique en étant exemptées de douanes. L’enjeu des relations entre les accords commerciaux passés avec l’UE et la Zlec pourrait être abordé d’ici à la fin de l’année lors d’une prochaine réunion ministérielle entre l’UE et l’Afrique.
« L’agenda n’est pas définitif, mais c’est en tout cas la demande africaine, souligne Carlos Lopes ; la base de ces négociations sera de ne pas perdre de vue les avantages que certains pays ont pu négocier avec l’UE, afin qu’ils obtiennent mieux mais pas moins dans le cadre de la Zlec. »
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