[Édito] Très grandes fortunes…
Ne croyez pas un mot de la propagande alarmiste dont on nous a copieusement et quotidiennement abreuvé la semaine dernière.
Ne vous laissez pas prendre aux mensonges d’un Trump ! À l’en croire, il aurait décidé de bombarder l’Iran et se serait ravisé dix minutes avant que ne soit commis l’irréparable en apprenant que cette opération aurait « causé la mort de 150 Iraniens ». Donald Trump s’est donné le beau rôle, a menti aux bellicistes dont il s’est entouré, à ses électeurs et au monde entier. Nous n’étions nullement au bord de la guerre ; il ne s’agissait que de gesticulations martiales. En somme, d’un bluff. À aucun moment le commandant en chef des forces armées américaines n’a envisagé de bombarder l’Iran au risque de déclencher la guerre avec ce pays. Candidat à un second mandat, il aurait été stupide, à dix-huit mois du scrutin, de lancer son armée dans une nouvelle aventure militaire.
Je dis qu’il n’y aura pas de guerre entre les États-Unis et l’Iran. Ni cette année ni l’année prochaine
À cette même place, dans le « Ce que je crois » du n° 3047 en date du 2 juin, je vous avais proposé une analyse de la situation que je crois toujours solide et valable ; je vous la soumets donc de nouveau.
« Je dis qu’il n’y aura pas de guerre entre les États-Unis et l’Iran. Ni cette année ni l’année prochaine.
« Il convient ici de citer le grand penseur et stratège allemand Carl von Clausewitz : “La guerre est la continuation de la politique de l’État par d’autres moyens.”
« […] Il avançait une idée banale, évidente : la guerre est un acte politique. On ne la fait pas pour remporter des victoires, mais pour obtenir des résultats politiques en recourant à la violence.
« Me fondant sur la règle rappelée par Clausewitz, je pronostique qu’il n’y aura pas de guerre entre les États-Unis et l’Iran parce qu’aucun de ces deux pays ne peut en tirer des “résultats politiques”.
« Leurs dirigeants sont prudents et placent au-dessus de tout leur désir de se maintenir au pouvoir.
« Ils continueront de se menacer et de s’injurier, mais déploieront tous leurs efforts pour éviter l’irréparable.
« Ils sont donc voués non pas à la guerre mais à la négociation, qui se nouera entre eux tôt ou tard. Elle n’a pas encore commencé, mais on en perçoit les prémices. »
Inégalités aux États-Unis
Cela dit, l’Amérique ne se résume pas à Trump, fort heureusement. Les États-Unis sont l’un des pays où les inégalités de revenus sont les plus criantes. À un point tel que les plus riches – 0,1 % de la population – réclament de payer à l’État fédéral une super-taxe. S’adressant aux candidats à l’élection présidentielle, un groupe de dix-huit richissimes citoyens a dit en substance, le 24 juin, dans une lettre rendue publique :
« Le dixième du 1 % des contribuables les plus aisés, soit 0,1 % de la population et environ 75 000 foyers fiscaux, possède presque autant que 90 % des citoyens. Nous, signataires du présent appel, qui faisons partie de ces privilégiés, souhaitons l’instauration d’une super-taxe sur les grandes fortunes que nous sommes disposés à payer.
« Celle-ci permettrait de mieux lutter contre le réchauffement climatique, de dynamiser notre économie au profit de tous, d’améliorer notre système de santé, d’instaurer plus de justice fiscale, d’accroître les libertés et de consolider la démocratie.
« Nous ne la considérerions pas comme un sacrifice supplémentaire mais comme un facteur de plus grande stabilité politique, économique et sociale.
« Nos institutions en seraient renforcées, nous rendrions service à ce pays que nous aimons et ferions acte de patriotisme.
« Nous, millionnaires et milliardaires, disposant de plus de 50 millions de dollars d’actifs et qui constituons 0,1 % de la population, nous honorerions de pouvoir contribuer, en y consacrant une part plus grande de nos revenus, à rendre l’Amérique meilleure et plus forte.
« Nous nous sommes assurés qu’un tel impôt serait conforme à notre Constitution.
« Nous ne voulons pas que se vérifie plus longtemps l’observation du milliardaire Warren Buffet selon laquelle il paye, proportionnellement à ses revenus, un impôt inférieur à celui de sa secrétaire.
« L’impôt que les Américains les plus riches seraient appelés à verser pourrait représenter 2 % de la tranche de revenus supérieure à 50 millions de dollars ; ce taux d’imposition serait ramené à 1 % sur la tranche supérieure à 1 milliard de dollars.
« Nous estimons qu’une telle taxe rapporterait à l’État fédéral près de 300 milliards de dollars par an, soit 3 000 milliards de dollars en dix ans. »
Nombreux sont les pays africains ou du Moyen-Orient où coexistent une très grande richesse et une extrême pauvreté. Faut-il s’en accommoder et ne rien faire ?
L’idée d’un impôt sur les grandes fortunes est populaire aux États-Unis : selon un sondage, 74 % des électeurs y sont favorables. Je sais qu’elle l’est beaucoup moins dans les autres pays.
Dans notre partie du monde, les grandes fortunes sont moins nombreuses, mais elles existent et leurs détenteurs s’arrangent pour payer le moins d’impôts possible. Nombreux sont les pays africains ou du Moyen-Orient où coexistent une très grande richesse et une extrême pauvreté. Faut-il s’en accommoder et ne rien faire ?
Dans les pays où les inégalités sont les plus visibles et les plus criantes, tels que l’Afrique du Sud, le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Maroc, pour ne citer que les plus connus, faut-il surtaxer la frange des plus riches ? Ces derniers y consentiraient-ils de bonne grâce ? Où irait l’argent ainsi collecté ?
Exemple norvégien
Certainement pas dans les budgets nationaux, où il serait englouti, ne servant qu’à des versements de salaires. Pourquoi ne créerait-on pas dans chaque pays un fonds où serait déposé le produit d’une telle taxe ?
Il serait géré de façon moderne, avec des charges de gestion limitées au strict minimum et servirait exclusivement à favoriser l’éducation, la santé et la recherche. Le fonds norvégien constitué à partir du produit des revenus pétroliers est un exemple à suivre.
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