Algérie : Abdelaziz Bouteflika, enquête sur un exil intérieur

Ranch aux Émirats, château en Suisse… Les supputations vont bon train quant au sort du président déchu. Mais la réalité est plus sombre pour celui qui a tenu les rênes du pays vingt ans durant. Enquête.

Abdelaziz Bouteflika présentant sa démission au président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz (à dr.), en présence d’Abdelkader Bensalah, président de la chambre haute, le 2 avril. © APS/APP

Abdelaziz Bouteflika présentant sa démission au président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz (à dr.), en présence d’Abdelkader Bensalah, président de la chambre haute, le 2 avril. © APS/APP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 14 juillet 2019 Lecture : 8 minutes.

Avant la révolution du 22 Février, automobilistes et passants ne pouvaient emprunter la grande rue Bachir-El-Ibrahimi (ex-Poirson), entre le quartier huppé d’El-Biar et Alger-Centre, sans tomber sur un barrage de police. En croisant les agents en faction, il suffisait de tourner la tête pour apercevoir en contrebas, enfoui dans une végétation touffue, l’immeuble blanc dont seuls les riverains et les initiés connaissent les locataires.

En cette fin de juin caniculaire, le check-point a disparu. Au grand soulagement des automobilistes, les policiers qui y étaient postés jour et nuit ont été affectés à d’autres tâches. Trois cents mètres plus bas, devant l’étroite impasse qui mène à l’immeuble blanc aux murs décrépis, plus de barrage non plus. Avant la révolution, l’accès à cette longue allée ressemblait à l’entrée de Fort Knox. Été comme hiver, sous la pluie ou le cagnard, des 44 noirs y faisaient le guet. Des hommes en costume sombre et lunettes noires gardaient l’impénétrable sanctuaire. Ces membres de la garde présidentielle, ont aujourd’hui levé le camp.

Ici, c’est chez les Bouteflika. C’est au troisième étage de cet immeuble que l’ancien président possède un appartement. Devant l’entrée, calme plat. Pas de trace de présence humaine. Seuls les piaillements des oiseaux troublent la tranquillité du lieu. « Vous cherchez Bouteflika ? demande un riverain. Certains disent qu’il vit seul ici avec sa sœur. D’autres prétendent qu’il a emménagé de l’autre côté de la rue, dans la villa où sa mère habitait avant sa disparition. » Barrages supprimés, surveillance levée : c’est par ces détails qu’on prend la mesure du bouleversement qu’a connu le pays ces derniers mois.

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