Sénégal : Abdoulaye Wade, la politique dans le sang
La vie après le pouvoir (2/6). À 90 ans passés, l’ancien chef de l’État sénégalais aurait pu goûter les joies d’une retraite bien méritée. Penser cela serait mal connaître Abdoulaye Wade, lui qui ne s’est jamais senti aussi vivant que sur le ring.
Série : la vie après le pouvoir
D’Amadou Toumani Touré à Joseph Kabila, en passant par Blaise Compaoré, José Eduardo dos Santos, Abdoulaye Wade et Olusegun Obasanjo, JA a voulu savoir ce qu’étaient devenus ces présidents emblématiques, une fois libérés de leurs responsabilités. Une série déclinée en six épisodes.
C’est une modeste maison de plain-pied flanquée de larges panneaux ocre et ceinte d’un haut mur blanc qui empêche ses occupants de profiter de la vue. Abdoulaye Wade a pris ses quartiers en avril dans cette bâtisse solitaire et sans âme, qui fait face à l’Atlantique sur le flanc de la corniche ouest de Dakar, après un séjour de plus de deux mois dans une suite de l’hôtel Terrou-Bi – là aussi face au grand large.
Depuis sa brouille avec son vieux complice, Madické Niang, l’ancien président a déserté la villa luxueuse de Fann Résidence, que l’avocat mettait à sa disposition à chacun de ses séjours. Et sa maison historique du Point E, toujours en travaux, ne l’a pas accueilli de longue date.
Après son retour en fanfare à Dakar en février dernier, à quelques jours de la présidentielle, il s’est fait étonnamment discret. Les dernières images le montrent gravissant à grand-peine la passerelle d’un jet qui l’a conduit à Conakry pour rencontrer Alpha Condé. À son retour trois jours plus tard, l’ancien chef de l’État, qui venait d’appeler les foules à saboter le scrutin, avait mystérieusement remisé son costume d’opposant va-t-en-guerre. Devenu doux comme un agneau et muet comme une carpe, il vit, depuis, reclus et n’est plus apparu en public.
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