Chine-Afrique – Eric Wang : « La réputation de nos entreprises est fondamentale dans la compétition actuelle »
Le vice-président et secrétaire général du China-Africa Business Council, qui compte 800 sociétés, dont 400 présentes en Afrique, affirme que celles ci ont investi, en cumulé, « plus d’une dizaine de milliards de dollars » et créé plus de 100 000 emplois sur le continent.
Chine-Afrique : un modèle gagnant gagnant ?
Pékin ouvre de nouvelles routes commerciales à travers la planète. Et notamment sur le continent. Son objectif ? concilier ses propres intérêts et le développement de ses partenaires.
Jeune Afrique : A-t-on une idée du nombre d’entreprises chinoises présentes aujourd’hui en Afrique ?
Eric Wang : C’est très difficile à dire, car de nombreuses compagnies ne sont pas référencées. Selon le ministère chinois du Commerce, elles seraient un peu moins de 4 000 aujourd’hui, mais une étude menée conjointement avec le cabinet McKinsey en 2017 estime qu’elles seraient plus du double. Le CABC compte actuellement 800 membres, dont 400 sont présents en Afrique.
Ce sont essentiellement des PME. Ces entreprises ont des activités dans 51 pays et ont investi, en cumulé, plus d’une dizaine de milliards de dollars dans 45 d’entre eux. Elles ont créé plus de 105 000 emplois directs et fournissent du travail indirectement à 1,6 million de personnes à travers le continent.
Il semble qu’une nouvelle vague d’entreprises, justement constituée de PME, débarque sur le continent ces derniers mois. Pouvez-vous le confirmer ?
Après les grands groupes parapublics qui ont accompagné les projets gouvernementaux, de plus en plus d’entreprises chinoises, de taille plus réduite, s’implantent en Afrique pour réaliser leurs propres affaires. Elles profitent des parcs industriels qui voient le jour sur le continent pour créer des synergies entre elles.
Ces PME perçoivent l’urbanisation en marche et la croissance démographique du continent comme des occasions uniques pour développer leurs activités. Bien sûr, certaines viennent avec une image assez dégradée de l’Afrique, mais elles changent vite d’avis une fois qu’elles sont sur place.
Notre secteur privé pourrait profiter de la Belt and Road Initiative pour tisser de nouveaux partenariats avec des sociétés étrangères
La réputation des entreprises chinoises n’a pas toujours été très bonne en Afrique. Cela vous semble-t-il justifié ?
Ces accusations ne sont pas justes. Une société privée n’a aucun intérêt à scier la branche sur laquelle elle cherche à s’asseoir. Au CABC, nous sommes très attentifs vis-à-vis de nos membres et nous n’hésitons pas à pénaliser ceux qui ne jouent pas le jeu. La réputation de nos entreprises est fondamentale dans la compétition internationale actuelle.
Quel impact va avoir la Belt and Road Initiative (BRI) sur la présence du secteur privé chinois en Afrique ?
D’importantes ressources financières et humaines vont être canalisées vers l’Afrique grâce à cette initiative, qui ne peut donc qu’accélérer son développement et, par extension, augmenter l’intérêt des entreprises chinoises à l’égard du continent.
Beaucoup de pays, en Afrique comme ailleurs, souhaitent rejoindre cette initiative. Notre secteur privé pourrait en profiter pour tisser de nouveaux partenariats avec des sociétés étrangères – françaises, britanniques, etc. –, présentes depuis longtemps sur le continent. « Si tu veux aller vite, tu pars seul. Si tu veux aller loin, tu pars à plusieurs », assure un proverbe africain.
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