Tunisie : comment la mort de Béji Caïd Essebsi a redistribué les cartes sur la scène politique

La mort du chef de l’État, Béji Caïd Essebsi, bouleverse le calendrier électoral et redistribue les cartes sur la scène politique. Plusieurs scénarios sont envisageables.

Les obsèques nationales du président Béji Caïd Essebsi se sont déroulées samedi 27 juillet 2019 à Tunis. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Les obsèques nationales du président Béji Caïd Essebsi se sont déroulées samedi 27 juillet 2019 à Tunis. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Publié le 5 août 2019 Lecture : 6 minutes.

Les yeux encore rougis, la voix tremblante d’émotion après la disparition du président de la République, Béji Caïd Essebsi, le 25 juillet, les Tunisiens n’ont pas eu besoin de plus de quelques heures pour s’interroger sur la suite des événements. Le pays allait-il sombrer dans la confusion d’un conflit de succession et de prise de pouvoir comme celui qui avait prévalu à la mort du prophète Mohammed et que l’écrivain et universitaire Hela Ouardi décrit dans les Califes maudits ?

La réponse n’a pas tardé, en deux mots : continuité de l’État. Et en deux temps. D’abord, Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et aujourd’hui président intérimaire de la République, a prêté serment. Puis l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a avancé au 15 septembre la date du premier tour de la présidentielle anticipée.

Au fond, tout s’est déroulé comme si Béji Caïd Essebsi – qui ne cessait de souligner qu’il était garant de la Loi fondamentale – avait familiarisé la Tunisie à l’observance de procédures dont elle n’était pas coutumière. Le respect à la lettre des dispositions constitutionnelles a sonné, dans une sous-région troublée, comme la démonstration magistrale de la transformation réussie du pays, engagée en 2011.

Qui plus est dans des circonstances exceptionnelles. Car si c’est la première fois en Tunisie qu’un président en exercice décède, Béji Caïd Essebsi disparaît aussi à un moment où le contexte politique est marqué par une tension extrême, entre dépôt des listes de candidats aux législatives – prévues pour le 6 octobre – et révision des amendements de la loi électorale – texte adopté par l’ARP mais jamais promulgué par le défunt président. C’est là l’un des points sensibles que Mohamed Ennaceur aura à trancher dans les jours prochains. Déjà, d’autres enjeux se font jour.

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