Cameroun : Paul Biya, les sept vies du Sphinx
Depuis trente-sept ans, Paul Biya exerce le pouvoir sans rien dévoiler de lui-même. Pour le percer à jour, il faut remonter le fil d’une existence marquée par les coups de théâtre.
Dans l’intimité de sa résidence de Mvomeka’a, Paul Biya pense-t-il au destin ? Ce passionné de lettres classiques s’interroge-t-il sur cette « moïra », pour citer Homère, fatalité aveugle et inexorable ? En écoutant l’un de ses compositeurs favoris, l’Allemand Ludwig van Beethoven, ressent-il l’angoisse de laisser l’œuvre de sa vie inachevée ? Peu nombreux sont les intimes du chef de l’État capables de percer les mystères du palais d’Etoudi, guère moins opaques que ceux d’Éleusis, dans la Grèce antique.
Depuis son accession au pouvoir, en 1982, tout a été tenté pour comprendre le président : psychologie, mysticisme, voire astrologie. Mais Paul Biya a su avancer masqué, s’efforçant, comme le confie un proche, « d’observer sans être observé ». Dans le brouillard qu’il se plaît à entretenir, il a entamé, en octobre 2018, son septième mandat. Après une élection contestée et en pleine crise anglophone qui ébranle son pays comme rarement il l’a été dans son histoire.
Dans Comme il vous plaira, William Shakespeare décrivait le monde comme « un théâtre » dans lequel chacun jouait un rôle en « sept âges ». Amateur de littérature, Paul Biya, le sphinx aux sept mandats, a-t-il lu le dramaturge anglais ? Jeune Afrique frappe les trois coups de son épopée.
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