Tchad : les défis qui attendent le nouveau ministre des Finances Tahir Hamid Nguilin

Reconnu pour ses talents de négociateur, notamment face à Glencore, Tahir Hamid Nguilin, le nouveau ministre des Finances et du Budget tchadien doit gérer plusieurs dossiers brûlants.

Tahir Hamid Nguilin, le nouveau ministre des Finances et du Budget tchadien. © Abdoulaye Barry

Tahir Hamid Nguilin, le nouveau ministre des Finances et du Budget tchadien. © Abdoulaye Barry

Madjiasra Nako

Publié le 22 août 2019 Lecture : 2 minutes.

En retrait depuis son départ de la direction de la Société des hydrocarbures du Tchad, en décembre 2018, Tahir Hamid Nguilin est, depuis la fin du mois de juin, le grand argentier du pays de Toumaï – son prédécesseur Ahmat Allali s’étant retiré en raison de son âge. Le choix d’Idriss Déby Itno a été rapide : le président sait quel entregent a cet ancien vice-gouverneur de la BEAC, qui a été son directeur du Trésor.

Le chef de l’État l’a surtout côtoyé durant les rudes négociations avec le suisse Glencore pour le rééchelonnement de la dette, qui étouffait le Trésor public. En 2014, N’Djamena avait emprunté 1,2 milliard de dollars auprès du géant des matières premières pour racheter les 25 % de l’américain Chevron dans le consortium qui exploite le bassin pétrolier de Doba.

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La chute brutale des cours, quelques mois après la transaction, a entraîné le pays, également confronté à une pression du service public et engagé sur plusieurs fronts militaires, vers l’insolvabilité. Avec l’appui du FMI et de Rothschild & Cie, N’Djamena a obtenu un moratoire sur le remboursement de la créance et surtout un échelonnement rendant ce remboursement supportable.

Sécurisation des recettes fiscales et douanières

Diplômé en sciences des techniques comptables et financières à l’Université catholique d’Afrique centrale, « Tahir Hamid Nguilin était tenace durant les discussions et agaçait passablement Glencore », sourit un membre de la délégation tchadienne. « Il savait que le chef de l’État lui faisait confiance, ajoute un ex-ministre. Lorsqu’ils préparaient les négociations, il pouvait se pencher sur son bureau pour lui montrer des données financières. »

Tahir Hamid Nguilin, le nouveau ministre des Finances et du Budget tchadien © Abdoulaye Barry

Tahir Hamid Nguilin, le nouveau ministre des Finances et du Budget tchadien © Abdoulaye Barry

À son nouveau poste de ministre des Finances et du Budget, Tahir Hamid Nguilin, 44 ans, fait face à des défis tout aussi pressants. Dans un pays où l’administration est accusée de malversations, la sécurisation des recettes fiscales et douanières est une bataille qui a souvent épuisé ses prédécesseurs.

Les tentatives d’informatisation du circuit des recettes ont été sabotées, d’étranges incendies ont éclaté dans certaines régies… Selon le FMI, N’Djamena pourrait doubler, voire tripler ses recettes fiscales, estimées autour de 100 milliards de F CFA (150 millions d’euros). Mais dans les couloirs du ministère, les habitudes ont la peau dure.

Même s’ils ne l’annoncent pas, les syndicats, constitués en majorité d’enseignants, entendent perturber la rentrée scolaire de septembre

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Quelques jours après sa nomination, Tahir Hamid Nguilin a reçu en audience un collectif de commerçants détenteurs de la dette intérieure, estimée à 1 000 milliards de F CFA. Certains traînent des factures vieilles de plus de trois ans. Ces dernières semaines, ils ont décidé de se faire entendre. En bon négociateur, Nguilin a obtenu une trêve, mais le collectif n’entend pas patienter indéfiniment.

Autre dossier chaud : le mécontentement des travailleurs du secteur public. En octobre 2018, alors qu’ils mettaient un terme à une longue grève pour protester contre les coupes dans les salaires, ceux-ci avaient reçu la garantie d’une restauration progressive des paies et indemnités à partir du mois de janvier 2019. Depuis, seule une partie de ces sommes a été restituée. La Plateforme syndicale revendicative est donc sortie du bois le 12 juillet dernier pour faire pression sur le gouvernement. Même s’ils ne l’annoncent pas, les syndicats, constitués en majorité d’enseignants, entendent perturber la rentrée scolaire de septembre. Pour Tahir Hamid Nguilin, la course contre la montre est déjà lancée.

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