Pèlerinage à La Mecque : tensions en terre sacrée
Cette année plus que les autres, le pèlerinage est perturbé par un contexte politique régional délicat.
#TheKingdomEmbraceTheWorld (« le royaume embrasse le monde ») : tel est le hashtag lancé sur les réseaux sociaux par le ministère saoudien du Hajj et de la Omra, quelques jours avant le début du grand pèlerinage à La Mecque, le 9 août. Pour sponsoriser l’événement, une vidéo a été diffusée. Qui commence par l’image du hall de l’aéroport international Roi-Abdelaziz, où trône une affiche géante du prince héritier Mohammed Ben Salman, nouvel homme fort du régime. C’est ce portrait qui accueille les pèlerins venant du monde entier. Ou presque.
Cette année, le hajj a lieu dans un contexte de grande instabilité. Dans le Golfe, les sabotages et les arraisonnements de tankers se multiplient. Et le risque s’accroît d’une bataille navale entre pro-Saoudiens et pro-Iraniens. L’événement religieux n’échappe pas à l’enjeu géopolitique. Une interrogation revient avec insistance dans le monde musulman : faut-il internationaliser La Mecque et Médine, ces lieux saints de l’Islam ? L’Arabie saoudite a fait savoir qu’il n’en était pas question. En attendant, les appels au boycott se multiplient.
« On nous dit de ne pas politiser le hajj ! Mais réaliser l’unité dans la région est une affaire politique. Soutenir et défendre les opprimés dans le monde musulman, à l’instar des nations palestinienne et yéménite, est une question politique fondée sur nos obligations religieuses », a posté sur Twitter, depuis Téhéran, l’ayatollah Ali Khamenei. Le guide suprême de la révolution répliquait aux déclarations d’un cheikh saoudien, Abdul Rahman Al Sudais, qui avait estimé : « Les rites religieux doivent rester loin des slogans et des tensions politiques contraires aux valeurs de l’islam. »
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