Russie-Afrique : qui sont les maîtres-d’œuvre du sommet de Sotchi ?
Du 22 au 24 octobre, Sotchi accueillera le tout premier sommet Russie-Afrique. Diplomates, organisateurs ou encore têtes pensantes : Jeune Afrique a dressé le portrait de ceux qui sont aux commandes de ce grand raout diplomatique.
Russie-Afrique : les secrets d’une reconquête
Au sud du Sahara et au Maghreb, Vladimir Poutine veut voir son pays jouer un rôle de premier plan, comme au temps de la guerre froide. Alors que s’ouvre, le 22 octobre, le grand sommet du Sotchi, quels sont les motifs, avoués ou non, de sa stratégie ? De quels hommes et de quels moyens dispose-t-il pour la mettre en œuvre ?
Les diplomates
- Sergueï Lavrov
69 ans. Ministre des Affaires étrangères depuis 2004, il a noué des relations privilégiées avec chefs d’État et ministres africains. Connaît parfaitement les rouages de l’ONU, où il a été représentant de la Russie de 1994 à 2004. Tantôt jovial et charmeur, tantôt coléreux et opiniâtre, il aime le scotch whisky, la cuisine italienne et le rafting.
Sa devise ? Les paroles de l’hymne de l’Institut des relations internationales de Moscou, qu’il a lui-même écrites en 1998 : « Ne pas fléchir et aller droit au but. »
- Mikhaïl Bogdanov
67 ans. Vice-ministre des Affaires étrangères depuis 2011 et envoyé spécial du président Poutine au Moyen-Orient et en Afrique depuis 2012. Ce fan de basket a été en poste au Yémen, au Liban, en Syrie, puis ambassadeur en Israël (1997-2002) et en Égypte (2005-2011). Son prédécesseur, Mikhaïl Marguelov, avait une fibre plus subsaharienne, mais cet arabophone s’africanise au fil de ses voyages.
- Andreï Kemarski
64 ans. Chef du département Afrique subsaharienne au ministère des Affaires étrangères, il est à la fois lusophone et anglophone. Ambassadeur en Angola et à São Tomé-et-Principe (2002-2007), puis au Mozambique et en Eswatini (2010-2017). A participé, en janvier dernier, à la conférence de Khartoum sur la résolution du conflit en Centrafrique.
- Alexandre Kinchtchak
56 ans. Directeur du département Proche-Orient et Afrique du Nord au ministère des Affaires étrangères, il fut dans le passé conseiller à l’ambassade d’Irak (2002-2004) et ambassadeur au Koweït (2008-2013) et en Syrie (2014-2018).
Les têtes pensantes
- Irina Abramova
57 ans. Cette économiste arabophone dirige depuis 2016 l’Institut des études africaines de l’Académie des sciences de Russie, à Moscou. Elle est l’auteure de nombreuses études sur la place de l’Afrique dans la nouvelle économie mondiale.
- Andreï Maslov
39 ans. Fondateur du cabinet de consulting RAEx, qui conseille les investisseurs russes en Afrique, Maslov a aussi, dans le passé, travaillé pour la Banque du commerce extérieur russe, pour Gazprom au Nigeria, et pour le groupe diamantaire Alrosa.
Il incarne la nouvelle génération des africanistes russes, tournée vers le monde des affaires.
80 ans. Le président honoraire de l’Institut des études africaines de l’Académie des sciences de Russie est un vétéran. Il fut notamment le représentant spécial du président de la Fédération de Russie pour les relations avec l’Afrique (2006-2011). Spécialiste de l’Égypte, où il fut aussi correspondant de la Pravda à l’époque soviétique.
Avec Evgueni Korendyasov (ex-ambassadeur au Mali et au Burkina Faso) et Andreï Maslov, il est l’un des coordinateurs du rapport « Russie-Afrique. Une vision commune à l’horizon 2030 », qui sera présenté lors du sommet de Sotchi.
Les organisateurs
- Iouri Ouchakov
72 ans. Ambassadeur aux États-Unis de 1998 à 2008, il est depuis 2012 conseiller diplomatique de Poutine, qu’il accompagne dans tous ses voyages et assiste lors de ses entretiens avec les dirigeants étrangers. Il a également représenté son pays à l’OSCE, à l’Otan et auprès de l’UE. Il n’est pas un spécialiste de l’Afrique, mais un fidèle parmi les fidèles de Poutine, raison pour laquelle il est chargé de l’organisation du sommet de Sotchi, avec le concours d’Anton Kobyakov, lui aussi conseiller du Kremlin.
- Alexandre Stouglev
Patron de la Roscongress Foundation, il a pour mission de « développer le potentiel économique de la Russie » et de « promouvoir ses intérêts et son image » en organisant des événements internationaux, au nombre desquels le sommet de Sotchi et son forum économique (23-24 octobre). Les mots fétiches de ce Pétersbourgeois : « succès, stress, gratitude et travail ».
Les faucons
- Dmitri Chougaev
54 ans. Chef du Service fédéral pour la coopération militaro-technique (FSVTS), c’est lui qui gère les contrats d’armement. Les accords de coopération militaire sont, eux, du ressort de Sergueï Choïgou, le ministre de la Défense.
- Nikolaï Patrouchev
68 ans. Secrétaire du Conseil de sécurité nationale, ce général qui dirigea le FSB (services secrets) de 1999 à 2008 reste, dans les faits, coordinateur du renseignement. À ce titre, il est chargé des questions sécuritaires et antiterroristes, organise des forums et joue les émissaires de Poutine auprès de certains dirigeants, comme Mohammed VI, Mahmoud Abbas ou Benyamin Netanyahou.
Rude négociateur, cet ardent nationaliste passe pour un « faucon » antiaméricain. L’un de ses fils est ministre de l’Agriculture, l’autre est directeur général adjoint de la compagnie Gazprom.
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