Cinéma : dans « Mon frère », un MHD au plus près de la réalité

Mis en cause dans l’agression mortelle d’un jeune homme, le rappeur MHD fait ses premiers pas sur grand écran avec Mon frère, dans le rôle d’un garçon accusé du meurtre de son père.

Mohamed Sylla, 
en acteur fin 
et sensible. © Renaud Konopnicki

Mohamed Sylla, en acteur fin et sensible. © Renaud Konopnicki

leo_pajon

Publié le 16 août 2019 Lecture : 2 minutes.

Il y a un an, nous rencontrions MHD, alors au sommet de sa gloire. Mohamed Sylla, à 23 ans, s’imposait comme un des talents les plus bancables de l’afro-trap : tournée planétaire, deuxième album « 19 » (depuis, certifié disque d’or) et projet de film. Et pourtant, la star semblait déjà obsédée par sa chute, nous confiant : « Quand tu grimpes, tu finis toujours par redescendre… »

Quelques semaines plus tard, le Parisien aux racines sénégalaises et guinéennes annonçait la fin de sa carrière musicale. Puis en janvier 2019, il était mis en examen et placé en détention provisoire, soupçonné d’être impliqué dans le meurtre d’un jeune de 23 ans, dans le 10e arrondissement, roué de coups et poignardé.

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Scènes réalistes

Impossible d’oublier ce fait divers sanglant lorsqu’on assiste à la projection de Mon frère. Dans le film dramatique de Julien Abraham, réalisateur français, Teddy, le personnage interprété par Mohamed Sylla, est lui aussi accusé d’un meurtre, celui de son propre père. Il est envoyé dans un centre pour jeunes délinquants, un univers brutal où règne Enzo, un autre gamin qui n’a pas été épargné par le destin.

Entre les flash-back montrant les coups du père violent et les humiliations physiques et psychologiques vécues dans le centre, le film dépeint sans fioritures un monde hanté par la violence qui déteint peu à peu sur Teddy.

Le climat du long-métrage est d’autant plus pesant qu’on a parfois l’impression de visionner un documentaire, tant les scènes paraissent réalistes. Mon frère a été coscénarisé par Almamy Kanoute, éducateur et militant associatif, qui connaît bien son sujet.

Premiers pas au cinéma

Au casting, on pouvait attendre le meilleur de vétérans du grand écran : Jalil Lespert en éducateur à l’écoute et Aïssa Maïga en psychologue tentant de libérer la parole des garçons.

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Ce sont en fait surtout les plus jeunes qui épatent par la justesse de leur interprétation : notamment Darren Muselet (Enzo), en forte tête, impulsif et ingérable… et évidemment MHD.Le jeune homme interprète un garçon sans histoire qui intériorise ses sentiments, jusqu’à l’explosion. Et pour ses premiers pas au cinéma, Mohamed Sylla livre un jeu d’une finesse et d’une sensibilité étonnantes.

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L’équipe du film est restée très prudente dans sa communication par rapport à la mise en examen de son acteur principal. La coproductrice Sadia Diawara rappelle néanmoins dans le dossier de presse : « MHD n’est pas suspecté d’avoir donné la mort à ce jeune et, en tout état de cause, il est présumé innocent. MHD conteste depuis le départ son implication dans ces faits. L’enquête est en cours, mais, vu les faits, elle est forcément longue et complexe. »

Quant au réalisateur, Julien Abraham, il avoue un « sentiment vertigineux » face à « la façon dont une réalité a d’une certaine manière rattrapé la fiction ».

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