NaFaso, un modèle alternatif à suivre

Misant sur sa proximité avec les petits paysans, le producteur burkinabè de semences améliorées tisse sa toile du Sénégal au Tchad.

Abdoulaye Sawadogo a fondé sa société en 2008. © HIppolyte Sama pour JA

Abdoulaye Sawadogo a fondé sa société en 2008. © HIppolyte Sama pour JA

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Publié le 9 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Grâce au rachat de Monsanto, le groupe pharmaceutique allemand Bayer avance ses pions sur le continent. Ici l’un de ses centres de R&D, à Francfort, en juin. © Alex Kraus/Bloomberg via Getty Images
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Agriculture : graines d’avenir

Alors que les grands groupes de semences comme Bayer, Syngenta ou Technisem sont de plus en plus implantés sur le continent, les initiatives privées locales se multiplient pour répondre aux défis de l’alimentation. Comment l’agriculture traditionnelle peut-elle tirer profit de cet intérêt croissant?

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Dans un marché ouest­africain dominé à plus de 80 % par les semences traditionnelles, NaFaso, originaire de Bobo-Dioulasso, au Burkina, s’est fait un nom dans la production de semences améliorées. Celles-ci permettent – essentiellement grâce à une sélection de variétés locales – d’augmenter les rendements jusqu’à 40 %, selon Abdoulaye Sawadogo, fondateur de la société.

En 2018, la PME a exporté plus de 6 500 t de ses variétés de riz, de maïs, de niébé, de soja ou encore de sésame au Mali, en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, en Guinée et au Sénégal, pour un chiffre d’affaires annuel de 3 milliards de F CFA (plus de 4,5 millions d’euros). « Nous poursuivons notre croissance en dépit de la concurrence des géants mondiaux, tel l’allemand Bayer, car nous n’intervenons pas sur les mêmes segments. Nous sommes des experts dans les semences adaptées aux conditions agro­écologiques grâce à nos liens avec des agriculteurs locaux, contrairement aux firmes internationales, qui ciblent les grandes exploitations agro-­industrielles », fait valoir le patron.

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Son réseau de 1 200 producteurs (en majorité burkinabè) fournit la majeure partie des semences qu’elle revend. NaFaso les forme aux techniques de production, leur procure des intrants, et se porte caution lorsqu’ils sollicitent des prêts auprès d’institutions locales, comme Coris Bank International ou le Réseau des Caisses populaires du Burkina. À l’arrivée, des tarifs compétitifs : « Nos prix vont de 500 à 1 500 F CFA le kilo quand Bayer-Monsanto se situe autour de 3 500 F CFA le kilo », indique Sawadogo, qui dispose de boutiques dans la plupart des zones agricoles importantes des pays où NaFaso est actif.

La PME s’attaque à présent à l’anacarde. « Nous avons amélioré des plants greffés dont les rendements atteignent 6,3 t/ha dès la cinquième année, au lieu de 700 kg actuellement », explique-t-on à NaFaso. Près de 150 000 plants ont ainsi été écoulés en Guinée. Et l’entreprise lorgne d’autres pays. « Nous avons pris des participations dans Grace agricole, en Côte d’Ivoire (65 %), dans West African Seed Company, au Ghana (35 %), dans Escor-Agro, au Tchad (35 %), et prospectons en Sierra Leone dans l’objectif de vendre quelque 10 000 t de semences à l’horizon 2022 », précise Abdoulaye Sawadogo.

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