Le goût de l’Afrique à Bruxelles : cinq adresses incontournables
La capitale belge regorge d’excellents restaurants pour promener ses papilles à travers tout le continent. Notre sélection en cinq adresses essentielles. Bon appétit !
«J’ai des filles sexy assises à ma table… » La voix suave de Fally Ipupa résonne dans toute la galerie Matonge tandis que l’on se fraie un chemin entre les boutiques proposant robes en wax ou extensions capillaires. Le « petit Kinshasa » de Bruxelles, dans la commune d’Ixelles, est une jungle mouvante où les gastronomes ont bien du mal à se repérer. Tripadvisor recense 35 établissements africains, mais il y en a en réalité beaucoup plus dans la capitale, échappant souvent aux radars des guides et des sites spécialisés.
La Fondation Baudouin, dans une étude de 2017, estimait que la diaspora africaine en Belgique comptait environ 180 000 personnes, principalement issues du Congo, mais aussi du Rwanda et du Burundi… un chiffre en forte croissance depuis vingt ans. Suivant cet essor, des nganda, des petits snacks (pas toujours recommandables) naissent et meurent très vite dans la capitale.
Certaines adresses historiques évoluent également, comme L’Horloge du Sud (Rue du Trône, 141) qui sert désormais une cuisine fusion empruntant à la gastronomie portugaise et aux spécialités africaines… Jeune Afrique vous propose ici son top 5, en se fondant sur les recommandations de ses journalistes travaillant régulièrement sur place : un panel de personnalités bruxelloises et de dégustations.
1. Toukoul
Le meilleur restaurant africain de Bruxelles n’est pas congolais mais éthiopien. Et son chef, Asse Tessema, 34 ans, bien que né à Addis-Abeba, s’est formé professionnellement entre la France et la Belgique. Lumière tamisée, ambiance boisée, le Toukoul est un établissement chic et vaste (86 couverts) qui a ouvert en janvier 2012. Et qui depuis ne désemplit pas, malgré la concurrence de son aîné, le KokoB (10, rue des Grands-Carmes), également très recommandable.
Au Toukoul, on conseille le doro wot (19,50 euros), un plat de fête qui existe aussi en version non piquante (doro wot alicha). Servis sur l’injera (la galette éthiopienne, maison, comme tout le reste du menu), des pilons de poulet bien fermes et de l’œuf dur, le tout recouvert de sauce berbéré, épaisse et épicée, mêlant gingembre, ail et cardamome… L’intensité du goût tient au mode de préparation du plat. « Pour un doro wot, il faut presque trois heures de macération avant d’ajouter le poulet pour la cuisson », confie Asse Tessema. Le reste des réjouissances (assiettes végétariennes, différents sautés et ragoûts) promet également une explosion de saveurs. Pour « faire couler », vous seriez avisé de commander un peu de tedj, le vin de miel très répandu en Éthiopie.
34, Rue de Laeken, 1000 BRUXELLES
2. Le Vieux Mila
Une adresse qui se maintient depuis dix-huit ans a forcément de sérieux atouts. Au Vieux Mila (en hommage à Roger Milla, d’ailleurs en photo avec le patron dans la salle), on est d’abord accroché par le sourire et la gouaille du boss, Parfait Ebeng, 51 ans. Ce Camerounais né à Bafia a grandi à Douala avant d’atterrir à Bruxelles, à 22 ans. Rapidement, celui qui a appris à accommoder les mets avec sa grande sœur (« alors qu’on voulait me chasser de la cuisine ! ») se fait fort de défendre la gastronomie africaine dans son établissement.
« J’ai créé un endroit où on peut manger comme on mange chez la grand-mère. On n’est pas là pour décorer les assiettes. Je ne cherche pas à adapter les plats à l’occidentale, à faire de l’allégé… Je ne vais pas mentir, si tu manges ici tous les jours pendant un mois, tu vas prendre du ventre ! » Mais si les plats (camerounais mais pas que) sont roboratifs, ils s’imposent aussi par leur finesse. Le n’dolé servi ici, qui selon le patron a été lavé « une centaine de fois », est le meilleur qu’on ait pu goûter jusqu’à présent. Poulet fermier, piment à part, sauce Maggi à portée de main… le régal est assuré. À associer avec le cocktail Yaoundé, à base de rhum, de gingembre et d’un ingrédient tenu secret !
28, Rue de Moscou, 1000 BRUXELLES
3. Inzia, saveurs d’Afrique
Créée en 1976, cette enseigne est une institution de la gastronomie congolaise, et a même une petite sœur à Kinshasa (6, avenue Cadeco). En cuisine, Monique Fodderie, qui a pris la suite de sa mère Hélène, veille toujours au grain. Et rien qu’à voir la clientèle d’habitués, qui continue plus de quarante ans après à s’égayer aux tables du restaurant, on comprend que le niveau des prestations est toujours excellent.
On vient ici pour le poulet à la moambé, le poisson en papillote, mais aussi, en semaine, pour un buffet à volonté (20 euros) proposant bœuf boucané en sauce tomate, filets de malangwa, ailes de poulet sautées et l’inévitable viande de chèvre grillée (le ntaba). Sur commande, Inzia peut servir des aliments plus déroutants mais typiques : vers palmistes (vers de souche de palmier), chenilles, criquets… À noter aussi que le lieu propose des soirées musicales, des expositions de peinture, ou des lectures de textes africains pour apprécier la culture du continent au-delà du palais.
37, Rue de la Paix, 1050 IXELLES
4. Horia
Ce restaurant oriental qui propose des spécialités marocaines et libanaises est le seul de la capitale belge à travailler quasi exclusivement en bio. Ici, les vins sont naturels, le café équitable, les jus frais et les plats composés de légumes « à 90 % issus de l’agriculture biologique », locaux et de saison, comme le souligne la patronne, Isabelle Mizet, 46 ans. Avec son conjoint Omar, originaire de Ouarzazate, celle qui était membre d’un cabinet ministériel a ouvert son restaurant en 2016.
« Je voulais travailler aussi la cuisine végétarienne, mais la française manque de saveur alors que la marocaine et la libanaise réussissent à sublimer les légumes… ». Le résultat est effectivement savoureux… et très abordable. Un étonnant couscous légumes (12,90 euros) peut s’accommoder de chou ou de fenouil en fonction de la saison, un tajine kefta tomates (12,90 euros également) s’appuie sur de la viande bio halal et des épices et herbes (coriandre, persil, paprika, cumin, curcuma…) que le frère du chef importe directement du Maroc. Et pour ne rien gâcher, une très agréable terrasse est ouverte les beaux jours.
7, Rue Borgwal, 1000 BRUXELLES
5. Le Tarmac
Ce restaurant tout en longueur, décoré de peintures congolaises qui célèbrent l’indépendance et de photos des « villages indigènes » des temps coloniaux, est l’un des nouveaux QG de la diaspora africaine à Bruxelles. Il faut dire que les soirées ici peuvent se terminer à l’aube…
Comme chez Inzia, la patronne, Nancy Mfinda-Ngoma, propose à la commande son lot d’insectes (chenilles, termites, sauterelles, fourmis rouges) qui peuvent être assaisonnées de citron et de piment. Mais l’on y déguste aussi des spécialités congolaises plus convenues : les savoureux poissons malangwa ya kotumba ou liboke ya malangwa (15 euros), le porc braisé (10 euros), la chèvre grillée (10 euros), les gésiers (5 euros)… Une à deux fois par mois, l’établissement accueille des groupes de musique.
79, Chaussée de Wavre, 1050 IXELLES
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