Niger : de Niamey à Cotonou, une opposition qui peine à trouver sa place

Entrés en campagne en ordre dispersé, les adversaires du président nigérien peinent à se faire entendre.

La légitimité de Hama Amadou, leader de Moden Fa Lumana en exil, semble contestée au sein même de sa formation. © Vincent Fournier/JA

La légitimité de Hama Amadou, leader de Moden Fa Lumana en exil, semble contestée au sein même de sa formation. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 10 septembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Devant le palais présidentiel, le 13 janvier, à Niamey. © VINCENT FOURNIER/J.A.
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Niger : passage de témoin

Assuré d’avoir un nouveau président en 2021, le pays s’est refait une santé sur le plan économique et se modernise progressivement. Un bol d’air bienvenu dans un contexte sécuritaire encore tendu.

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La présidentielle nigérienne pourrait-elle se jouer en terre béninoise ? À moins d’un an et demi de l’échéance, Cotonou est en tout cas au centre de toutes les attentions à Niamey. Depuis plusieurs mois, Hama Amadou y a partiellement élu domicile. S’il passe encore du temps en France pour prendre soin de sa santé, l’ancien Premier ministre nigérien, opposant numéro un au chef de l’État et au Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), a trouvé dans la capitale économique béninoise l’occasion de se rapprocher de sa base militante. C’est à Cotonou – même s’il le fait également en Europe et en Turquie – qu’il se réunit avec ses lieutenants pour évoquer un avenir qu’il espère commun.

Candidat malheureux en 2016, détenu lors de l’élection présidentielle, en exil – officiellement pour raisons de santé – et condamné par contumace à un an de prison pour « supposition d’enfants », Hama Amadou est un cas à part. Ses consignes, il les passe davantage par WhatsApp que de vive voix. Quant à un éventuel retour au Niger, seuls ses partisans en semblent aujourd’hui convaincus. Lui-même attend le verdict de son appel devant la Cour de justice de la Cedeao, prévu en octobre, pour se décider définitivement. Quant à Mahamadou Issoufou, il a déjà réclamé à plusieurs reprises à son homologue béninois, Patrice Talon, l’extradition de son rival, qui n’aurait alors d’autre choix que de devoir purger sa peine de prison ferme.

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Le Moden Fa Lumana divisé

Jusqu’à présent, le président béninois a refusé, mais le jeu est dangereux. Le Niger et le Bénin étant en conflit au sujet de la boucle ferroviaire Niamey-Cotonou, Hama Amadou pourrait se retrouver pris dans une lutte d’influence dont il ne maîtrise pas tous les éléments. Le parti de celui que tous appellent « Hama » a en outre bien du mal à conserver sa sérénité et son unité. Le 19 juillet, depuis Cotonou, Hama Amadou a pris la décision de destituer le vice-président Nora Oumarou de son poste de président intérimaire, laissant au bureau politique le choix de choisir un successeur. Quelques jours plus tard, Oumarou attaquait cette décision devant la justice, qui lui donnait raison et le confirmait à son poste.

Aujourd’hui, personne ne veut prendre le risque de lâcher Hama, car il est très populaire chez les militants

Depuis, les deux camps s’opposent : celui d’Oumarou, soutenu par Seyni Yacouba Mereda et qui affirme ne pas avoir trahi Hama Amadou, et celui du vice-président Soumana Sanda, président du groupe Lumana à l’Assemblée, à qui l’on prête depuis plusieurs années l’ambition de jouer sa carte personnelle. « La crise des lieutenants couve, et plus l’exil de Hama dure, plus elle s’accentue », explique un politique. « Aujourd’hui, personne ne veut prendre le risque de lâcher Hama, car il est très populaire chez les militants, mais beaucoup réfléchissent à sa succession, forcée ou non », ajoute-t-il. Face au PNDS – pas aussi uni qu’il le voudrait mais en ordre de marche derrière son candidat Mohamed Bazoum –, le Moden Fa Lumana s’avance divisé et sans beaucoup de certitudes.

Un an pour rebondir

Ailleurs dans l’opposition – qui a tenté depuis 2012 d’afficher son unité au sein du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République (FRDDR), les prochains mois semblent moins incertains. L’ancien président Mahamane Ousmane a ainsi annoncé sa candidature à la présidentielle pour le compte du Rassemblement démocratique et républicain (RDR-Tchanji).

Seini Oumarou va devoir trouver sa place, entre la majorité et l’opposition

Déjà candidat en 2016, il a lancé en juillet sa campagne autour d’un programme portant sur l’éducation, l’emploi, l’énergie, les infrastructures et la justice. Autre « ancien » ayant également réussi à obtenir son investiture : Seini Oumarou, candidat du Mouvement national pour la société du développement (MNSD), désigné fin mars. L’actuel haut représentant personnel du chef de l’État aura cependant fort à faire.

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Un autre ancien « rallié » de Mahamadou Issoufou, lui aussi candidat en 2016, a entamé sa campagne. L’ancien ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacouba, qui avait démissionné en 2018, sera le candidat du Mouvement patriotique nigérien-Kiishin Kassa (MPN) en 2021. Il a d’ores et déjà commencé à faire le tour du pays pour engranger des soutiens et espère faire fructifier son activisme passé au sein du front de l’opposition lors des contestations de la loi de finances et du code électoral.

« Il a l’avantage de la jeunesse, mais beaucoup le voient encore comme un pur produit du système Issoufou », tempère toutefois un observateur. « Seini Oumarou va devoir trouver sa place, entre la majorité et l’opposition. Quant à Mahamane Ousmane, il a la notoriété mais ne dispose ni des moyens du PNDS ni de l’énergie de Mohamed Bazoum », reprend-il. Les principaux candidats ont encore un peu plus d’un an devant eux pour faire bouger les lignes.

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