Niger : ces hommes et femmes d’affaires de la nouvelle génération

Symbole d’un secteur privé en plein renouveau, ces hommes et femmes d’affaires se lancent dans des domaines encore peu développés dans le pays. Portraits.

De gauche à droite : Imane Aminami, Abdou Maman Kané, Mariama FDaouda et Saley Ange Chekaraou Barou © Photomontage JA / Photo : François-Xavier Freland

De gauche à droite : Imane Aminami, Abdou Maman Kané, Mariama FDaouda et Saley Ange Chekaraou Barou © Photomontage JA / Photo : François-Xavier Freland

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Publié le 12 septembre 2019 Lecture : 4 minutes.

Devant le palais présidentiel, le 13 janvier, à Niamey. © VINCENT FOURNIER/J.A.
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Niger : passage de témoin

Assuré d’avoir un nouveau président en 2021, le pays s’est refait une santé sur le plan économique et se modernise progressivement. Un bol d’air bienvenu dans un contexte sécuritaire encore tendu.

Sommaire

Il n’y a pas que l’économie nigérienne qui se réinvente. Les entrepreneurs locaux savent également faire preuve d’innovation et d’audace, et tentent leur chance dans des secteurs d’activité jusqu’alors peu développés dans leur pays. Environnement, services aux entreprises et aux collectivités, transports et logistique, communication ou encore confection… Cette nouvelle génération d’hommes et de femmes d’affaires débarque aujourd’hui sur les marchés en apportant d’autres idées, des savoir-faire et des conceptions différentes de leurs métiers et de leurs missions.

Gros plan sur quatre de ces acteurs économiques qui symbolisent un secteur privé nigérien lui-même en plein renouveau.

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• Abdou Maman Kané, irrigation 2.0

Abdou Maman Kané © François-Xavier Freland pour JA

Abdou Maman Kané © François-Xavier Freland pour JA

Pour le PDG de Tech-Innov, tout a commencé du côté de Zinder. « On jardinait près de la mare, puis un jour, elle a disparu », explique Abdou Maman Kané, petit-fils d’agriculteur. Une des conséquences du réchauffement climatique. « Le stress hydrique, c’est toute ma vie », résume cet informaticien de formation qui a eu la bonne idée de mettre la technologie au service de l’eau. Après avoir fondé son Atelier de prestations de services informatiques (Apsi), il décide de créer des « applications de développement pour résoudre des problèmes de société ».

En 2011, France Telecom lui demande de créer des applications soutenant le monde agricole et rural. Il met au point un système de télé-irrigation contrôlé à distance par un téléphone portable. « Il y a des capteurs autour du champ qui collectent des données météorologiques. En cas de besoin hydrique, ils lancent l’alerte sur le portable et on déclenche l’arrosage », explique l’entrepreneur. Dans la foulée, il crée Tech-Innov, d’abord pour développer de nouveaux services en milieu rural, puis en ville. Niamey bénéficie à son tour d’un système de télé-irrigation qui invite les habitants à entretenir eux-mêmes les espaces verts récemment créés. Aujourd’hui, les solutions de Tech-Innov sont également développées à Abidjan et à Dakar.

• Ange Chekaraou Barou, convoyeur exceptionnel

Ange Chekaraou Barou © François-Xavier Freland pour JA

Ange Chekaraou Barou © François-Xavier Freland pour JA

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À Niamey, Ange Chekaraou est incontournable. Tout le milieu des affaires et le monde politique le connaît ou le croise, notamment dans son QG, au restaurant italien Le Pilier, pas très loin du palais présidentiel. À 36 ans, le jeune homme d’affaires a gardé le sourire de l’étudiant, mais sa mission est sérieuse : convoyer des produits sensibles, dangereux ou rares dans toute la sous-région. Il tait le nom de ses clients par discrétion, mais tout le monde a besoin de ses services. Diplômé d’un master en droit international, il a d’abord évolué dans le milieu humanitaire. Il est directeur administratif et institutionnel chez Acted, puis officier de protection au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), avant de jeter définitivement l’éponge en 2012, « déçu par un milieu complexe et carriériste ».

Il fonde et dirige alors la société LSSC en 2012, un cabinet de conseil juridique et fiscal. Fort de son réseau, il rejoint en 2014 le groupe Necotrans, prenant la direction de sa filiale Transmine au Niger. À la suite de la faillite du groupe français, il poursuit l’aventure avec le repreneur, ICS Monaco. Apprécié pour son sérieux et sa connaissance du continent, il vient d’être promu directeur général d’ICS Transmine Niger.

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• Imane Aminami, Communication XXL

Imane Aminami © François-Xavier Freland pour JA

Imane Aminami © François-Xavier Freland pour JA

À 35 ans, la PDG de l’agence de communication Prémices incarne une certaine jeunesse dorée. Elle est née en Arabie saoudite, a grandi en Égypte, puis au Soudan, avant de passer son bac à Rabat. Ex-Miss Niger 2004, ancien mannequin pour le styliste Alphadi, cette fille de diplomate, d’origine soudanaise par sa mère, parle sept langues, une aubaine dans son secteur : la communication !

Je veux révolutionner la communication, avec plus d’esthétique, en renforçant le design et le street marketing

Diplômée d’un BTS de gestion obtenu à Lomé, elle décide de rentrer au Niger au début des années 2000. Elle travaille plusieurs années en tant que responsable commerciale avant de créer l’entreprise d’événementiel Creative Event avec sa sœur. En 2017, elle se lance et ouvre Prémices, avec Hugues, son ami graphiste. « Je veux révolutionner la communication, avec plus d’esthétique, en renforçant le design et le street marketing », explique la jeune femme, qui enchaîne les gros contrats.

La compagnie Royal Air Maroc, Airtel, Lagardère Sports, le HCR, entre autres, lui ont déjà confié leur communication ou leurs campagnes publicitaires. Après avoir travaillé à la Coupe de la confédération 2019, Imane Aminami prépare un autre événement de grande envergure, avec concerts et artistes internationaux. Mais la jeune femme aimerait maintenant se lancer dans la communication politique. Un nouveau défi à la hauteur de cette ambitieuse assumée.

• Mariama Daouda, force créatrice

Mariama Daouda Zamany © François-Xavier Freland pour JA

Mariama Daouda Zamany © François-Xavier Freland pour JA

À 28 ans, la créatrice Mariama Daouda symbolise à elle seule cette nouvelle génération d’entrepreneurs nigériens innovants et décomplexés. La fondatrice de la marque Zamany Accessory est tout sauf une « fille de ». Originaire de Tillabéri, elle s’est construite toute seule. Orpheline très jeune, elle a été élevée par son oncle médecin qui lui a inculqué le goût du travail bien fait, celui des traditions aussi. On retrouve ainsi sur ses sacs la croix d’Agadez.

Je fais tout de A à Z, avec les moyens du bord

Après avoir vécu au Burkina Faso, Mariama Daouda a fait ses études à Niamey. Maîtrise en ingénierie financière et bancaire en poche, elle décide de revenir à ses premières amours : la maroquinerie. Toute petite, elle confectionnait déjà des boîtes à bijoux. Aujourd’hui, Mariama dessine ses sacs et assure leur promotion « Je fais tout de A à Z, avec les moyens du bord », s’amuse-t-elle. Pour la partie confection (vannerie, tissage), elle dispose de quatre ouvriers et fait travailler des centaines de femmes formées dans son petit atelier de Niamey.

Ses sacs en cuir ou tissés associent tradition et modernité, autant du point de vue des techniques comme du design. Vendus entre 20 000 et 35 000 F CFA pièce (entre 30 et 55 euros), ses accessoires visent avant tout une clientèle locale aisée ainsi que les expatriés. Lauréate du Fima (Festival international de la mode en Afrique) 2018, avec le prix du meilleur maroquinier africain, elle espère maintenant faire connaître sa marque à l’étranger.

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