Niger : des indicateurs économiques au vert qui rassurent bailleurs et investisseurs
Avec ses bonnes performances macroéconomiques et l’amélioration du climat des affaires, le pays inspire désormais confiance aux bailleurs de fonds et aux investisseurs.
Niger : passage de témoin
Assuré d’avoir un nouveau président en 2021, le pays s’est refait une santé sur le plan économique et se modernise progressivement. Un bol d’air bienvenu dans un contexte sécuritaire encore tendu.
À la lecture des prévisions du FMI pour le Niger, on n’en croit pas ses yeux. Il est l’un des pays les plus pauvres du monde. Il consacre 18 % de ses maigres recettes budgétaires au rétablissement de la sécurité sur son territoire, menacé par les organisations terroristes. Pourtant, sa croissance devrait accélérer – et passer de 5,2 % en 2018 à 6,5 % cette année – et atteindre le taux étonnant de 11 % en 2022.
Les autres indicateurs de l’économie nigérienne confirment la bonne santé du pays. Certes, le gouvernement apure laborieusement les arriérés de paiements domestiques, mais l’inflation est en train de passer sous les 3 %, conformément aux prescriptions de l’Uemoa. Et le déficit budgétaire ne cesse de diminuer et devrait descendre jusqu’à 3 % du PIB en 2020, même si cet assainissement suscite un fort mécontentement populaire.
Un enchainement de bonnes nouvelles
À quoi est dû un tel dynamisme ? Les pluies et les récoltes abondantes, la hausse de la production pétrolière et la reprise du voisin nigérian l’expliquent en partie. On peut aussi invoquer l’augmentation de la production d’or dans le nord, la mise en route de la cimenterie de Malbaza Cement Company, la préparation du sommet de l’Union africaine de juillet – qui a dopé les capacités hôtelières à Niamey – ou le chantier de l’usine de traitement des eaux de la capitale.
Autre explication : l’afflux de capitaux internationaux ne se dément pas. Le Niger a joué la carte du multilatéralisme et de la coopération internationale. En se montrant un très bon élève du FMI, en accueillant des bases militaires américaines et françaises et en participant au G5 Sahel, il a donné confiance aux bailleurs de fonds. Ceux-ci soutiennent désormais ses nombreux projets et veulent l’aider à supporter le fardeau des 300 000 personnes déplacées sur son territoire. La Banque mondiale est ainsi le chef de file des onze contributeurs au financement – 1,2 milliard d’euros requis – de la construction du barrage de Kandadji, sur le fleuve Niger. L’agence américaine Millenium Challenge Corporation met en œuvre un programme d’aide quinquennal de 437 millions de dollars couvrant plusieurs domaines (éducation, agriculture, santé). Quant aux Chinois, ils financeront l’oléoduc vers le Bénin.
Le pic de croissance de 11 % en 2022 sera, certes, très exceptionnel, car provoqué par la mise en service de ce pipeline et par l’exploitation de nouveaux puits de pétrole. Mais la progression semble partie pour durer, grâce à l’énergie réformatrice de l’équipe gouvernementale. Celle-ci a déjà fait ses preuves : en consacrant 15 % des recettes budgétaires à l’initiative 3N (« Les Nigériens nourrissent les Nigériens »), elle a contribué à augmenter de 71 % la capacité des cultures pluviales et de 360 % celle des cultures irriguées.
Systèmes informatisés
Niamey tente également de dynamiser le secteur privé, seul capable de diversifier son économie. Il a d’ailleurs progressé en matière de climat des affaires : il a gagné une place dans le classement 2019 Doing Business de la Banque mondiale et figure au 143e rang sur 190 pays. Actuellement, le nigérian Dangote construit sur son territoire une cimenterie d’une capacité d’un million de tonnes qui permettra au pays de ne plus importer de ciment. Et la chinoise Zijing Hechuang Science & Technology Development Company est active dans la recherche d’uranium dans la région d’Agadez.
Augurant d’un avenir prometteur, « le gouvernement fait avancer son vaste programme de réformes structurelles à un rythme régulier », comme le notait le FMI en décembre 2018. Au programme, renforcement des capacités au sein des administrations fiscale et douanière d’une part, mise en place de leurs systèmes informatisés d’autre part, ainsi qu’entre la Banque centrale et le Trésor, réforme de la gestion des ressources humaines dans la fonction publique et audits des entreprises publiques.
Scolarisation des filles
La collecte des recettes publiques est également devenue une priorité, et plusieurs mesures sont destinées à augmenter leur volume : rétablissement partiel des taxes sur les appels téléphoniques de l’étranger, intégration dans le budget des recettes de l’Autorité de régulation des télécommunications et de la Poste, simplification et relèvement de la TVA payée par les PME, lutte contre la contrebande pétrolière grâce à un marquage moléculaire et un meilleur recouvrement des arriérés d’impôts.
La détermination des responsables nigériens s’observe aussi par la vigueur de leur politique démographique. Handicapé par le plus fort taux de natalité du monde, qui l’empêche de faire baisser rapidement le chiffre de 42 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, le Niger a mis en œuvre un plan de scolarisation des filles afin de retarder l’âge de leur mariage. Si l’on parvient, en 2020, à convertir à la contraception la moitié des femmes, contre 12 % au début des années 2010, il sera envisageable d’abaisser le taux de fertilité de 7,3 enfants par femme en 2015 à 5,3 en 2021 et la croissance démographique de 3,8 % à 3,06 %. Ce qui permettait d’améliorer grandement les conditions de vie des Nigériens.
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