Présidentielle en Tunisie : comprendre les enjeux de l’élection en sept chantiers prioritaires

Le prochain président devra relever des défis majeurs pour l’avenir du pays. En voici, par le menu détail, les plus urgents.

Le palais présidentiel de Carthage, à Tunis (image d’illustration). © DR

Le palais présidentiel de Carthage, à Tunis (image d’illustration). © DR

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Publié le 11 septembre 2019 Lecture : 11 minutes.

C’est souvent une histoire de chiffres. Sans doute ici plus qu’ailleurs. D’abord le 26, comme le nombre de candidats à la présidentielle. Puis le 2, comme le nombre de tours pour les départager. Les derniers sondages témoignent d’une opinion fragmentée, écartelée entre des personnalités aux antipodes… et des projets souvent similaires.

Les sujets de fond ne manquent pourtant pas. Car si la Tunisie a su confirmer depuis 2011 son statut d’exception démocratique dans le monde arabe, elle se trouve à un carrefour avec un chômage endémique – 15,5 % à la fin de 2018 – , une dette inquiétante – plus de 71% du PIB – , de criantes inégalités territoriales, des institutions fragiles et un lien social abîmé. Le temps presse : une fois installé à Carthage, le prochain président aura à relever, en urgence, sept défis majeurs. Sept comme les sept millions d’électeurs appelé aux urnes ce 15 septembre pour le premier tour.

1. Consolider les institutions

Lors de l'adoption de la nouvelle Constitution, le 26 janvier 2014, par l'Assemblée nationale constituante (ANC). © Aimen Zine/AP/SIPA

Lors de l'adoption de la nouvelle Constitution, le 26 janvier 2014, par l'Assemblée nationale constituante (ANC). © Aimen Zine/AP/SIPA

Chantier entamé par feu Béji Caïd Essebsi, l’édification des institutions constitutionnelles n’est toujours pas effective. Privée des instances qu’elle a elle-même consacrées, la Constitution du 27 janvier 2014 a un goût d’inachevé. L’exemple le plus frappant de ce processus chancelant est l’absence de Cour constitutionnelle. Juridiction chargée d’interpréter la Loi fondamentale et organe habilité à destituer le président de la République en cas de « violation manifeste de la Constitution », la Cour devait être mise en place en 2015. Quatre ans plus tard, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) n’avait toujours pas réussi à s’entendre sur l’identité de quatre des futurs juges constitutionnels. Garant de l’unité de l’État et de sa continuité, le futur président devra user de son autorité pour mettre d’accord les différents acteurs politiques.

La Constitution de 2014 a entériné la création de cinq autres organes constitutionnels indépendants : l’instance des élections, celle de la communication audiovisuelle, l’instance des droits de l’homme, celle du développement durable et des droits des générations futures, et l’instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. Toutes disposent d’une autonomie administrative et financière par rapport aux autorités de tutelle. Le but : garantir des contre-pouvoirs à l’exécutif.

Cinq ans après l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, l’instance de la communication audiovisuelle et celle relative à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption n’ont toujours pas vu le jour. Il reviendra au prochain chef de l’État d’inciter les députés à accélérer le processus. Enfin, les constituants – dans le texte de 2014 – avaient fait le choix d’encourager la décentralisation. La norme fondamentale exige ainsi l’élection de conseils municipaux et régionaux, et la mise en place de conseils de district. Pour l’heure, seuls les conseils municipaux ont été élus durant le mandat de Caïd Essesbsi. Le reste est, là encore, légué au successeur de ce dernier.

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