Gérard Haddad : « Le fascisme guette Israël »
Au lendemain des élections législatives anticipées en Israël, l’écrivain et psychanalyste juif porte un regard sans concession sur la politique de Tel-Aviv, dont la critique est pour lui un impératif éthique.
« La corruption inhérente à un régime colonial contaminera Israël », écrivait l’intellectuel israélien Yeshayahou Leibowitz (1903-1994), dont l’image trône sur le bureau de celui qui s’affirme comme son disciple.
À l’occasion de la parution d’un ouvrage d’entretiens avec son ami écrivain Marc Leboucher, Gérard Haddad nous reçoit dans son cabinet parisien, entre le divan réglementaire et un portrait de Freud. Et évoque sans détour l’impasse dans laquelle s’est engagé l’État hébreu.
Jeune Afrique : Qu’entendez-vous par « silence des prophètes » ?
Gérard Haddad : Le prophétisme, c’est le cœur du judaïsme. Ce n’est rien d’autre que l’amour de la vérité. Le problème de la vérité, c’est qu’elle dérange l’ordre établi. Le prophète surgit quand la majorité plonge dans l’erreur ou le mensonge.
Évoquez-vous la situation des Palestiniens, question quasi absente de la campagne pour les législatives ?
Personne ne proteste contre la situation de la population de Gaza, qui vit dans une prison à ciel ouvert depuis douze ans, à part quelques personnalités très isolées comme Raphi Walden ou Gideon Levy. Le problème palestinien peut aujourd’hui paraître secondaire, même pour les pays arabes, mais c’est un abcès qui gangrène toute la scène mondiale. Que le peuple supposément le plus moral du monde commette de telles abominations à Gaza crée une crise morale générale. Et je vous dis cela avec douleur.
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