Burkina Faso : la renaissance des cavaliers mossis
Le photographe français Philippe Bordas expose à Paris sa série sur les cavaliers mossis du Burkina Faso. À voir jusqu’au 28 septembre.
Les cavaliers mossis de Ouagadougou sont à l’honneur dans la nouvelle série du photographe français Philippe Bordas. Exposées dans la galerie In Camera, à Paris, jusqu’au 28 septembre, une dizaine d’images réalisées en argentique dans des lumières chaudes du matin ou du soir évoquent un univers entre photo et cinéma.
Philippe Bordas met en scène des jeunes dans les rues de la capitale burkinabè, dont certains sont descendants de cavaliers et d’amazones des royaumes mossis. Ces royaumes existèrent aux alentours du XIIIe siècle, mais la prestigieuse cavalerie du roi, le Mogho Naaba, constituée de plus de 10 000 chevaux, a disparu lors de la conquête coloniale française en 1896.
Un symbole national
C’est comme une histoire mouvante qui se met en place le temps d’un cliché
Ces jeunes Ouagalais amoureux du cheval ont reconstitué les tenues et les harnachements de l’époque, conférant un caractère historique aux images du Français. « C’est comme une histoire mouvante qui se met en place le temps d’un cliché », dit le photographe.
Même si, aujourd’hui, seules quelques familles aisées possèdent des chevaux en ville et que la pratique de l’équitation n’est pas un sport courant, l’animal conserve un caractère de noblesse et garde une valeur symbolique dans le récit national. Le mythe fondateur des royaumes mossis y est lié : la princesse guerrière Yennenga, du royaume du Gambaga, actuel Ghana, se serait enfuie sur un cheval et aurait rencontré Rialé. Ensemble, ils auraient eu Ouédraogo (« cheval mâle » ou « étalon »), premier roi des Mossis. Ce patronyme est aujourd’hui l’un des plus répandu chez cette ethnie.
Il n’est pas surprenant de rencontrer un cavalier arpentant les rues, se mêlant à la cohue de la circulation
Le cheval figure sur les armoiries du Burkina, l’équipe nationale de football est surnommée les Étalons, et le trophée du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) est l’étalon d’or de Yennenga.
Des cavaliers sont associés aux cérémonies officielles telles que la fête de l’indépendance. Il n’est pas non plus surprenant de rencontrer un cavalier arpentant les rues, se mêlant à la cohue de la circulation, comme on peut le voir sur l’une des photos de l’exposition.
Escorte montée
Je voulais montrer une image différente de celle que l’on montre
Pour Philippe Bordas, cette série est née du hasard des rencontres, confie-t-il. « J’accompagnais [l’artiste] Tiken Jah Fakoly, dont j’étais le photographe pour un concert à Ouagadougou. Des cavaliers sont venus à l’aéroport et nous ont escortés à travers la ville. Ils étaient très impressionnants, et cela a attiré ma curiosité. »
Il a ensuite effectué plusieurs voyages, entre 2011 et 2014, pour photographier ce groupe de jeunes d’un quartier populaire de Ouagadougou. Les photos, tirées à neuf exemplaires, sont vendues par la galerie à des collectionneurs à des prix variant entre 1 200 et 5 400 euros.
« L’Afrique m’a fait photographe, confie l’ancien journaliste sportif. Je voulais montrer une image différente de celle que l’on montre. » Une « Afrique héroïque », qui est au cœur de cette exposition.
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