RDC : Kinshasa, entre ombres et lumières

Malgré ses avenues réaménagées, ses nouveaux centres commerciaux et ses résidences flambant neuves, la capitale est toujours aussi congestionnée et sale. Mais ses habitants n’en conservent pas moins un sens prononcé de la fête.

Vue nocturne depuis un immeuble du centre-ville de la capitale congolaise. © MONUSCO/Abel Kavanagh

Vue nocturne depuis un immeuble du centre-ville de la capitale congolaise. © MONUSCO/Abel Kavanagh

Publié le 25 septembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Un partisan de Martin Fayulu, lors d’une manifestation devant le siège de la Cour constitutionnelle, le 12 janvier 2019. © REUTERS/Baz Ratner
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C’est devenu un cliché, mais il colle malheureusement à la réalité. Depuis des années, la capitale congolaise répond au triste surnom de « Kin la poubelle ». Même dans les communes huppées comme celle de La Gombe, le quartier d’affaires et siège des principales institutions du pays, les immondices s’empilent aux coins des rues et des boulevards, comme sur la rive du Congo. La brise qui remonte du fleuve ne suffit plus à couvrir les relents nauséabonds que dégage aujourd’hui Kinshasa.

« La ville est sale »

« La ville est sale », se plaignent en chœur ses habitants, qui constatent, amers, l’incapacité des pouvoirs publics à prendre la situation en main une fois pour toutes. Mais aussi l’incivisme de ceux qui continuent de jeter n’importe quoi n’importe où.

Pour l’instant, nous nous contentons de stocker les détritus dans des décharges ouvertes ou de les déverser directement dans le fleuve

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En matière de collecte et de gestion des déchets, les solutions mises en place par les autorités, comme l’initiative Kin Bopeto (« Kin propre »), restent trop ponctuelles pour apparaître comme autre chose qu’une opération de communication. « Pour l’instant, nous nous contentons de stocker les détritus dans des décharges ouvertes ou de les déverser directement dans le fleuve », regrette un militant environnementaliste.

Monstre urbain

Ville-province tentaculaire, troisième agglomération la plus peuplée du continent (après Le Caire et Lagos) avec 12 millions d’habitants, la mégapole est aussi de plus en plus congestionnée. D’autant que les nombreux travaux de voirie et chantiers engagés ces derniers mois n’améliorent en rien la circulation. Lassé d’être constamment sollicité sur le sujet, le président Félix Tshisekedi est personnellement venu sur le terrain, en juillet, pour voir comment il pourrait améliorer la situation. Les embouteillages sur le boulevard Lumumba, voie unique partant du centre-ville et traversant plusieurs quartiers populaires sur 20 km jusqu’à l’aéroport international de N’Djili, à l’est, sont légendaires. Mieux vaut partir avec six heures d’avance pour être sûr de ne pas rater son vol… Ou louer les services d’un taxi-moto.

Malgré l’essor du réseau de bus depuis 2013, les transports en commun, insuffisamment développés, mal organisés ou vétustes, sont encore très loin de répondre aux besoins des Kinois

Jusqu’alors réservés aux Kinois les moins aisés, les wewa restent la meilleure solution pour circuler dans la métropole, où les conducteurs peinent à respecter les règles les plus élémentaires du code de la route. Malgré l’essor du réseau de bus depuis 2013, les transports en commun, insuffisamment développés, mal organisés ou vétustes, sont encore très loin de répondre aux besoins des Kinois, dont la grande majorité ne possède pas de véhicule personnel et est contrainte d’utiliser « la ligne 11 » (expression locale désignant la marche, à Kinshasa), notamment lorsqu’il s’agit de rallier La Gombe ou le Marché central. En espérant que soit enfin engagé un projet de tramway ou de train urbain.

Une rue du quartier de Bandal, à Kinshasa, le 7 janvier 2019. © John WESSELS/AFP

Une rue du quartier de Bandal, à Kinshasa, le 7 janvier 2019. © John WESSELS/AFP

Jusqu’à présent, les principaux changements observés dans la capitale ont été réalisés à La Gombe et dans les communes avoisinantes : des centres commerciaux, des hôtels et résidences de standing, des immeubles de bureaux ont été construits, le boulevard du 30-Juin a été élargi, doté de feux de signalisation et de passages piétons…

C’est cette fameuse « ambiance » qui résume la ville tout entière, qu’elle soit « belle » ou « poubelle », quel que soit le temps

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La plupart des aménagements routiers ont eu lieu dans le cadre des « cinq chantiers prioritaires » lancés par Joseph Kabila, complétés par quelques projets financés par les bailleurs de fonds internationaux dans certains quartiers populaires, au premier rang desquels celui de Matonge, la « Cité d’ambiance ».

Vie débordante

Et c’est cette fameuse « ambiance » qui résume la ville tout entière, qu’elle soit « belle » ou « poubelle », quel que soit le temps. Cette vie toujours débordante de Kinshasa, habituée à ses propres excès. Les supermarchés qui voient le jour un peu partout à travers la ville ne désemplissent pas.

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Les hôtels cinq étoiles fleurissent non loin du fleuve, comme pour épater la rivale brazzavilloise… Des établissements qui adaptent leurs prestations à une clientèle d’affaires venue de tout le continent et du monde entier qui rappelle que, malgré les incertitudes liées à la vie politique, la dynamique économique et l’intérêt pour le pays restent forts. À cet attrait qu’elle a toujours suscité, la ville, aussi, est habituée. Et pas question pour les Kinois de perdre leur bonne humeur. Ni la créativité, ni la danse, ni la musique qu’ils ont dans la peau.

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