France : Jacques Chirac, une histoire africaine

L’ancien président s’est éteint le 26 septembre à l’âge de 86 ans. Son amitié avec Omar Bongo Ondimba ou Mohammed VI, ses liens parfois douteux avec les réseaux de la Françafrique, son refus de la guerre en Irak, qui lui valut une grande popularité dans le monde arabe… Que retenir de son héritage ?

Jacques Chirac lors d’une visite en Côte d’Ivoire, en 1995. © Francis Apesteguy/Getty

Jacques Chirac lors d’une visite en Côte d’Ivoire, en 1995. © Francis Apesteguy/Getty

Christophe Boisbouvier

Publié le 26 septembre 2019 Lecture : 8 minutes.

Jacques Chirac lors d’une visite en Côte d’Ivoire, en 1995. © Francis Apesteguy/Getty
Issu du dossier

France-Afrique : quel héritage pour Jacques Chirac ?

Que retenir de l’héritage africain de Jacques Chirac, qui s’est éteint jeudi 26 septembre à l’âge de 86 ans ? De son amitié avec Omar Bongo Ondimba ou Mohammed VI, à ses liens parfois douteux avec les réseaux de la Françafrique, retour sur les relations passionnelles qu’a toujours entretenues l’ancien président français avec le continent.

Sommaire

Il a fait pas mal de « conneries », comme il l’avouait lui-même, mais parce qu’il a dit non à la guerre en Irak il lui sera beaucoup pardonné. Comme le Russe Boris Eltsine, Jacques Chirac fait partie de ces dirigeants de la fin de la guerre froide qui, au milieu d’un parcours erratique, ont pris, une fois dans leur vie, la bonne décision. Avec courage.

Il faut se souvenir de la violence de la presse anglo-saxonne contre le président français quand, le 14 février 2003, Dominique de Villepin, son ministre des Affaires étrangères, a fait comprendre à l’ONU que la France utiliserait son droit de veto contre la guerre en Irak. À Londres, le Sun a titré : « Jacques Chirac, la putain de Saddam Hussein ».

Aux États-Unis, le New York Times a proposé l’expulsion de la France du Conseil de sécurité de l’ONU au profit de l’Inde, un pays jugé plus « sérieux ». Jamais depuis 1956 la France n’avait annoncé son intention de mettre son veto à un projet de résolution de la Maison Blanche. Mais, ce jour de février 2003, les Américains sont tombés sur un mousquetaire biberonné au gaullisme.

Quête de financements en Afrique

Le Premier ministre Jacques Chirac (D) serre la main du Colonel Mouammar Kadhafi (G), lors de son voyage en Libye, le 21 mars 1976, avant leur entretien à Tobrouk. © AFP

Le Premier ministre Jacques Chirac (D) serre la main du Colonel Mouammar Kadhafi (G), lors de son voyage en Libye, le 21 mars 1976, avant leur entretien à Tobrouk. © AFP

Premier ministre, il sympathise entre autres avec trois figures du monde arabe, Hassan II, Mouammar Kadhafi et Saddam Hussein

De Gaulle lui-même, Chirac ne le croise que pendant deux ans, d’avril 1967 à avril 1969, comme secrétaire d’État dans les deux derniers gouvernements du général. Mais ce sont deux piliers du pack gaulliste qui font l’éducation politique du jeune loup : Georges Pompidou, le Premier ministre, qui l’appelle à ses côtés dès juin 1962 et le surnomme « mon bulldozer », et Jacques Foccart, le tout-puissant « Monsieur Afrique » du général, qui convie le jeune conseiller de Matignon à plusieurs entretiens avec des chefs d’État africains.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité