Présidentielle en Tunisie : le mystère Kaïs Saïed

Arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, ce professeur de droit constitutionnel au profil monacal intrigue par son orientation à la fois conservatrice et progressiste. JA est allé à la rencontre de cet ovni politique qui inquiète les uns et rassure les autres.

Kaïs Saïed dans son bureau privé – un ancien cellier – , où il a reçu JA en exclusivité, le 18 septembre. © Ons Abid pour JA

Kaïs Saïed dans son bureau privé – un ancien cellier – , où il a reçu JA en exclusivité, le 18 septembre. © Ons Abid pour JA

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Publié le 30 septembre 2019 Lecture : 9 minutes.

« On n’a pas encore accroché les rideaux », constate perplexe une militante de l’équipe de Kaïs Saïed en posant un paquet encore emballé sur une table de plastique blanc. Le quartier général du candidat n’a rien des locaux d’un présidentiable. Immeuble ancien au carrelage délavé, presque sépia, en plein centre de Tunis.

Trois étages à grimper – il n’y a pas d’ascenseur – avant d’arriver au bureau du candidat. Qui embrasse le drapeau national rouge et blanc sous un néon. Il est 18 heures, les premières estimations le donnent en tête du scrutin de ce 15 septembre. Pourtant, dans ses locaux, photographes et journalistes se comptent sur les doigts d’une main. À croire que la qualification pour le second tour de cet outsider suscite encore l’incrédulité.

Le candidat indépendant Kaïs Saïed embrassant le drapeau tunisien à son QG de campagne, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

Le candidat indépendant Kaïs Saïed embrassant le drapeau tunisien à son QG de campagne, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

Des proches fondent en larmes dans ses bras. Il accueille les accolades un peu gêné, avant de poser pour les rares objectifs et d’évoquer « le sens des responsabilités ». Prudence ou pudeur ? Peut-être est-il lui même sous le choc, car c’est la première fois qu’il est candidat à la magistrature suprême. Tout comme son concurrent – le seul désormais – , Nabil Karoui, derrière les barreaux pour des soupçons de blanchiment d’argent. Un scénario doublement surprenant qui donne le sentiment d’un « film de science-fiction », selon le mot d’un chroniqueur radio tunisien.

Bien s’informer, mieux décider

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