Maroc – Ahmed Abbadi : « Le Coran, c’est 96 % d’amour et 4 % de règles »
Modèle national, réforme du champ religieux, nébuleuses terroristes, libertés individuelles, dialogue interconfessionnel… Le patron de la Rabita Mohamadia des oulémas définit la vision de l’islam dans le royaume.
Costume et cravate élégamment assortis, fine barbe soigneusement taillée… Ahmed Abaddi incarne l’islam à la marocaine. Ce polyglotte bardé de diplômes en sciences islamiques et en histoire des religions porte un discours structuré, modéré et riche en exemples. Il a fait de la déconstruction du discours extrémiste son cheval de bataille, en attachant davantage d’importance au contexte des textes qu’à « l’aspect légaliste du Coran ».
Repéré par Ahmed Toufiq en 2004, cet universitaire respecté de l’université Cadi Ayyad de Marrakech intègre le ministère des Habous en tant que directeur central des affaires islamiques. Avant de prendre la tête, en 2006, de la Rabita Mohamadia des oulémas, dont il a fait un véritable laboratoire de recherche pour développer ce modèle d’islam à la marocaine en s’appuyant sur des études scientifiques auxquelles contribuent des ingénieurs algorithmiciens. Pas étonnant donc de voir ce religieux présider des commissions ou des groupes de travail dans toutes les prestigieuses institutions constitutionnelles du royaume (CNDH, Cese et CSE). Entretien avec un des architectes de la réforme du champ religieux.
Jeune Afrique : Comment définiriez-vous l’islam à la marocaine ?
Ahmed Abbadi : Les choix majeurs de l’islam marocain reposent sur la doctrine acharite [école de pensée majoritaire dans le sunnisme, qui laisse une plus grande part au libre arbitre et considère le Coran comme incréé], le rite malékite et le soufisme jounaïdi. Ces références permettent respectivement une jonction entre texte et raison ; entre texte et contexte ; et finalement, une élévation spirituelle. Mais le pilier principal de la spécificité marocaine est la Commanderie des croyants. La vision de Sa Majesté et son statut constitutionnel ont d’ailleurs permis de mener une réforme multidimensionnelle et fonctionnelle du champ religieux, de ses institutions et composantes.
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