[Infographie] Tunisie : ces multiples fractures que le nouveau président devra réduire
Dispersion des voix, fractures territoriales, vote antisystème, offre politique illisible… La nouvelle carte électorale issue des législatives présage de fortes turbulences pour les cinq prochaines années. Décryptage des résultats.
Publié le 12 octobre 2019 Lecture : 4 minutes.
Neuf ans de révolution et six scrutins après la chute de l’ancien régime, les Tunisiens affichent un désintérêt souverain, un mépris, presque, pour l’idée même de démocratie représentative. Rendez-vous après rendez-vous, l’abstention s’est maintenue au-dessus des 31 %, culminant à 66,3 % lors des municipales de 2018.
L’expression d’une désaffection devenue non pas l’exception, mais la règle. Un chiffre en trompe-l’œil malgré tout : si la participation baisse en pourcentage, le nombre d’électeurs, lui, est en hausse. Près de 3,46 millions de Tunisiens ont glissé un bulletin dans l’urne au premier tour de la présidentielle de 2019, contre 3,33 en 2014.
Plus inquiétant, la culture du vote peine à s’ancrer chez les plus jeunes, la force vive d’une nation. Alors qu’ils représentent le plus gros contingent du 1,5 million de nouveaux inscrits cette année sur les listes électorales, ils ont ostensiblement tourné le dos aux législatives du 6 octobre.
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) relève que les plus de 45 ans représentent 57 % des électeurs. Et que seuls 9 % des 18-25 ans se sont déplacés. Décryptage par le patron du cabinet de sondages Sigma, Hassen Zargouni : « Les jeunes ont voté en masse pour Kaïs Saïed, leur candidat au premier tour de la présidentielle, et ont été peu motivés pour les législatives qui ont suivi. »