Tunisie : Kaïs Saïed parviendra-t-il à impulser le changement ?
Investi d’une incontestable autorité morale après son élection à la présidence de la République avec plus de 70 % des voix, Kaïs Saïed, sans parti, aura fort à faire pour peser dans le jeu politique. Et imprimer un véritable changement. Analyse.
Il fait déjà nuit ce dimanche 13 octobre quand Kaïs Saïed s’adresse à une presse qu’il a eu tendance à ignorer ces dernières semaines. Dehors, des feux d’artifice célèbrent la victoire, des voitures klaxonnent. Une foule contrastée s’amasse sur l’avenue Bourguiba pour exprimer sa joie. Face aux caméras, les remerciements du nouveau président élu vont à la jeunesse « qui a ouvert une nouvelle page de l’Histoire, donné une leçon au monde entier et défendu le nouveau visage de la révolution en s’attachant à la légalité ».
Le constitutionnaliste et assistant universitaire à la retraite a été littéralement plébiscité : 72,71 % des voix, soit plus de 2,7 millions d’électeurs, avec un taux de participation de 57,8 % des inscrits. Bien plus qu’espéré. Il devrait prendre ses fonctions le 23 octobre, date de la fin de l’intérim de Mohamed Ennaceur, à moins que de nombreux recours de dernière minute ne viennent perturber un calendrier déjà très serré.
Qu’un indépendant, sans carrière partisane, occupe la magistrature suprême est inédit. Ce qui fait dire à son frère cadet, Naoufel, proche soutien de campagne : « Kaïs Saïed jouera un rôle important de fédérateur de tous les partis. C’est la première fois qu’un président aura ce statut. » Son indépendance devrait l’aider à se mettre à égale distance de chacun. Un atout qui pourrait tout autant se muer en faiblesse.
Bien s’informer, mieux décider
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