[Édito] Tunisie : pronostic réservé sur les chances de réussite de la présidence Saïed
Ma position est d’accorder un préjugé favorable au nouveau président Kaïs Saïed, qui reste encore largement une « énigme », et, d’ici à six mois, de le juger sur ses actes. L’on connaît en revanche l’état de la Tunisie et la nature de la Constitution dont il hérite. Et là, l’analyse la plus optimiste conduit à un pronostic très réservé.
Le peuple a-t-il toujours raison ? Ses choix sont-ils forcément les bons ? Beaucoup le croient et y voient la justification de la démocratie ; l’exemple tunisien, qui se déroule sous nos yeux, est-il l’illustration de ce postulat ? Les trois quarts des votants, dont 90 % des jeunes, ont donné leur voix, le 13 octobre, à Kaïs Saïed. Ils ont ainsi fait de cet homme hors normes, né le 22 février 1958 – deux ans après l’indépendance – , le président de la République pour les cinq ans qui viennent.
Kaïs Saïed a obtenu deux fois plus de voix que n’en avait rassemblé, il y a cinq ans, son prédécesseur, Béji Caïd Essebsi (dit BCE). Il a donc été d’une certaine manière plébiscité, surtout par la jeunesse, et l’on ne peut qu’être impressionné par cet exploit. Kaïs Saïed est ce qu’on appelle un « outsider ». Né à la politique en 2011, il aura bientôt 62 ans, mais n’a exercé, jusqu’ici, aucune fonction publique. C’est un professeur de droit constitutionnel à la retraite : il a un parcours original, est intègre et formule des idées bien à lui, dont certaines sont à tendance anarchiste, utopiste ou néo-kadhafienne. Sans parti ni députés, il s’est entouré de jeunes à la recherche d’un guide ou d’un chef de file ; certains le suivent inconditionnellement.
Bien s’informer, mieux décider
Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles