En Éthiopie, la refonte de Bank of Abyssinia porte ses fruits

Anticipant l’ouverture du système bancaire éthiopien à la concurrence étrangère, finalement ratifiée cette année, la cinquième plus grande banque du pays a consolidé ses fondements et amélioré sa profitabilité.

BOA détient 340 points de vente, dont la moitié à Addis-Abeba. © Michael Tewelde pour JA

BOA détient 340 points de vente, dont la moitié à Addis-Abeba. © Michael Tewelde pour JA

Publié le 10 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Initialement étalé sur quatre ans, le plan de restructuration de Bank of Abyssinia (BOA) a permis à l’établissement financier d’augmenter ses parts de marché, le hissant ainsi parmi les plus grandes banques du continent jusqu’au 179e rang du top 200.

Avec 1,1 milliard de dollars d’actifs en juin 2018, BOA est la cinquième plus grande banque d’Éthiopie. Un pays de près de 105 millions d’habitants dont l’économie figure parmi les moins ouvertes du continent aux investisseurs étrangers et où le taux de bancarisation se limitait à seulement 35 % de la population adulte en 2017, selon la Banque mondiale.

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Pour capter de nouveaux clients dans un marché dominé par la banque étatique Commercial Bank of Ethiopia, BOA a lancé en 2014 un plan stratégique en partenariat avec Deloitte Consulting, avec comme priorité le développement de son réseau de distribution. Celui-ci a été étoffé de 32 nouveaux points de vente dès 2015. Il en comprend 340 depuis 2018, dont la moitié sont établis dans la capitale, Addis-Abeba.

Cependant, le groupe, présidé par Ato Bekalu Zeleke, vise également les zones rurales, qui représentent un potentiel de croissance important, affirme un cadre supérieur de la banque.

Les 200 premières banques africaines

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Étudiants et agriculteurs

Selon notre source, la banque ciblerait maintenant les étudiants, les agriculteurs, ainsi que les résidents à l’étranger, dont les transferts financiers représentent une manne significative pour les réserves en devises étrangères du pays.

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Pour attirer un plus grand nombre de clients, la direction de l’établissement, qui a démarré ses activités de banque commerciale en 1996, a identifié de nouveaux segments inexploités par la concurrence, et qui pourraient constituer des relais de croissance, notamment les crédits à la consommation. Ces derniers comptent pour moins de 10 % du total des prêts, selon une étude de Cepheus Research & Analytics publiée en mai 2019.

Depuis le déploiement du plan de développement, qui compte également une composante ressources humaines, et notamment une revalorisation des salaires, le nombre de comptes bancaires a atteint 1,1 million en juin 2018. En captant 25,8 milliards de birrs (environ 796 millions d’euros) de dépôts, les banquiers ont pu octroyer des crédits de l’ordre de 18 milliards de birrs, selon des données publiées par BOA.

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Le bénéfice net durant l’exercice comptable 2018, qui s’achève en juin 2019, s’est amélioré de 10 %, pour atteindre 562,8 millions de birrs. Cependant, et malgré l’amélioration du résultat financier, l’équipe dirigeante a opté pour une politique de distribution plus prudente dans le but de consolider les capitaux propres, réduisant le dividende annuel par action à 6,1 birrs, contre 8,7 birrs lors de l’exercice précédent.

Ouverture progressive

Au-delà de son plan de restructuration, la banque a été aidée par la forte croissance économique du pays, son PIB ayant augmenté de 9,9 % par an en moyenne ces dix dernières années, selon la Banque mondiale. Avec un taux de croissance en légère baisse l’an dernier, à 7,7 %, l’Éthiopie reste néanmoins l’une des économies les plus dynamiques du continent. Parmi les neuf établissements de crédit éthiopiens dans le top 200, cinq font partie du classement pour la première fois, représentant la plus forte percée d’un pays du continent.

À l’été 2019, le Parlement éthiopien a ratifié un projet de loi soumis par le gouvernement du Premier ministre réformiste, Abiy Ahmed, qui vise à une ouverture progressive du secteur bancaire aux investissements étrangers. La première étape se limite cependant à autoriser les résidents à l’étranger à acquérir des actions dans des banques locales, ce qui ne devrait pas permettre de renforcer la concurrence dans l’immédiat.

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