Santé au Maroc : les urgences toujours malades malgré un traitement de choc

Malgré les 500 millions de dirhams investis par le royaume pour l’amélioration des urgences, ce service hospitalier souffre toujours du manque de moyens, d’équipements et de ressources. Au détriment des 6 millions de Marocains qui le fréquentent chaque année.

Des employés du secteur médical public manifestent devant le ministère de la Santé, le 16 octobre 2017 à Rabat au Maroc. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Des employés du secteur médical public manifestent devant le ministère de la Santé, le 16 octobre 2017 à Rabat au Maroc. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

fahhd iraqi

Publié le 7 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

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Casablanca, un samedi, tard dans la nuit. Le chambardement aux portes des urgences du CHU Ibn-Rochd contraste avec la quiétude du quartier des hôpitaux. Alors que les ambulanciers courent dans tous les sens, des policiers veillent à la sécurité et prennent en charge toute admission nécessitant une enquête.

« Heureusement qu’ils sont là. La nuit, aux urgences, on peut croiser de tout », lance un interne qui a bien voulu nous inviter pour contourner la lenteur bureaucratique du ministère de la Santé. « Ce soir, c’est relativement calme. Un troisième accident de la route assez grave vient d’arriver », souffle-t-il.

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500 millions de dirhams pour les urgences

À l’accueil, d’autres patients prennent leur mal en patience. Une personne âgée qui tient à peine debout vient d’entrer : elle semble déshydratée. Une femme en djellaba tente tant bien que mal de calmer un bébé. À côté d’elle, un quadragénaire est en plein dégrisement. Quelques sièges plus loin, une femme enceinte enchaîne exercices de respiration et prières. « Le manque de moyens, d’équipements et surtout de ressources nous complique la tâche, explique notre interne. Mais finalement, tout le monde est pris en charge à un moment ou à un autre. »

L’amélioration du fonctionnement des urgences a été érigé au rang de priorité au Maroc. Dès 2013, un plan national a été annoncé par le roi : hélicoptères-­ambulances, véhicules d’intervention, Samu obstétrical, numéro vert… 500 millions de dirhams (46 millions d’euros) ont ainsi été investis.

Tant qu’il n’y a pas de valorisation des compétences et un plus fort renforcement des effectifs, l’hôpital public restera malade

En décembre 2018, un nouveau plan a été lancé pour accélérer la mise à niveau de ces services sur tout le territoire. Distribution d’une centaine d’ambulances, recrutement de plus de 180 professionnels, réhabilitation d’infrastructures, mobilisation de budget pour de nouveaux équipements…

S’étalant jusqu’en 2021, ce programme est un des piliers du Plan Santé 2025. Mais les 6 millions de Marocains qui fréquentent chaque année les urgences en ont peu ressenti les effets. « C’est beau de construire des bâtiments et de les équiper. Mais tant qu’il n’y a pas de valorisation des compétences et un plus fort renforcement des effectifs, l’hôpital public restera malade », affirme un membre du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), en conflit depuis plusieurs mois avec son département de tutelle. Un bras de fer que doit poursuivre le nouveau ministre, Khalid Ait Taleb.

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