Afrique-France : le Fonds Mondial au chevet d’un continent
L’ambitieux objectif affiché par le président français lors de la conférence de reconstitution du Fonds mondial contre les trois grandes pandémies a été atteint. Mais ce succès ne tient pas uniquement au « show Macron ».
Afrique-France : du discours à la méthode
Coopération économique accrue, dialogue politique renforcé, gestes symboliques forts… Emmanuel Macron a ouvert un nouveau chapitre dans les relations entre Paris et le continent.
Le président français a tenu à accueillir la conférence de reconstitution du Fonds mondial contre les trois grandes pandémies (sida, tuberculose et paludisme), dont 70 % des fonds sont destinés à l’Afrique. Il a affiché un objectif très ambitieux, invité les chefs d’état africains à participer à l’événement et, sur scène comme en coulisse, n’a pas ménagé son énergie pour comptabiliser les 14 milliards de dollars annoncés. L’objectif a été atteint, même s’il serait injuste de limiter ce succès au seul « show Macron ».
Rémy Rioux, président de l’Agence française de développement (AFD) en témoigne : « Entre 2007 et 2017, l’argent consacré par la France à l’aide publique au développement avait baissé de 40 % et, de fait, l’action de l’AFD en matière de santé avait quasiment disparu. Depuis, la tendance a changé : nous disposons de 500 millions d’euros pour le secteur. »
Les projets financés sont variés : formation en Côte d’Ivoire, chèques-santé en Mauritanie, laboratoires d’analyse (en partenariat avec le groupe Mérieu) dans sept pays du continent… à cela s’ajoute la publication, en septembre, de « Carnets de santé » réalisés sous l’égide du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) pour recenser les initiatives observées sur le continent et appeler les porteurs de projet à se manifester.
Une aide à mieux répartir
« La France agit au niveau multilatéral et au niveau bilatéral, insiste la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, également présente à la conférence lyonnaise. Son effort porte prioritairement sur les pays les plus vulnérables, notamment en Afrique subsaharienne, qui, paradoxalement, ont souvent du mal à absorber l’aide venue d’organisations comme le Fonds mondial ».
C’est un problème que tous les intervenants soulignent : certains pays où le système de santé est bien organisé – Rwanda ou Malawi par exemple – savent trouver un usage aux sommes versées, mais d’autres peinent car la demande de soins y est trop désorganisée pour qu’elle puisse parvenir à rencontrer l’offre.
Aujourd’hui, les maladies non transmissibles comme le cancer ou l’hypertension sont de plus en plus fréquentes, mais elles ne bénéficient que d’environ 1 % de l’aide internationale
L’initiative Santé Entreprise Afrique, lancée par le Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), vise à répondre à ce défi en proposant un service de détection des maladies directement dans les entreprises. « Nous avons commencé en Côte d’Ivoire, explique son président, Étienne Giros. L’objectif est d’être au Cameroun en 2020, puis en Guinée et au Burkina Faso. »
Coauteur du rapport du CPA sur les systèmes de santé, l’oncologue et immunologue kényane Yvonne Mburu conclut par un ultime rappel : « Il faut faire attention à ne pas concentrer toute l’aide sur les grandes pandémies. Aujourd’hui, les maladies non transmissibles comme le cancer ou l’hypertension sont de plus en plus fréquentes, mais elles ne bénéficient que d’environ 1 % de l’aide internationale. »
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