En RDC, un système de santé à bout de souffle

En RD Congo comme dans beaucoup de pays voisins, il est de notoriété publique que le président de la République, certains ministres et nombre d’autres personnalités préfèrent se faire soigner à l’étranger. Difficile pour la population de ne pas interpréter cela comme un signe de défiance vis-à-vis du système de santé congolais. Qui, de fait, cumule les handicaps.

À l’Hôpital général de référence de Kinshasa (HGRK). © Per-Anders Pettersson/GETTY IMAGES

À l’Hôpital général de référence de Kinshasa (HGRK). © Per-Anders Pettersson/GETTY IMAGES

Publié le 5 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Le centre Cuomo, unité de pointe inaugurée en 2017 au sein de l’hôpital de Fann. © Sylvain Cherkaoui pour JA
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Santé : que valent vraiment les hôpitaux africains ?

Du Maroc à l’Afrique du Sud, les établissements hospitaliers du continent s’équipent et innovent pour faire mentir leur réputation. Et rivaliser avec leurs pendants occidentaux.

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Premier problème : l’accès aux soins. À l’hôpital général de référence de Kinshasa (HGRK), le matin du 10 octobre 2019, nous rencontrons Jonathan, 27 ans, qui souffre de douleurs musculaires. Ne possédant pas de couverture médicale et n’ayant pas de quoi payer, il n’a tout simplement pas été admis en consultation. « Sans argent, pas de soins », commente un médecin, fataliste.

Moyens et accessibilité

« C’est le défi le plus important du système de santé congolais, confirme Félix Kabange Numbi, ancien ministre de la Santé, d’où l’importance d’aller vers la couverture santé universelle. » Pour l’heure, on en est loin. La majorité de la population travaille dans le secteur informel et n’a donc, par définition, aucune protection sociale.

La majorité de la population travaille dans le secteur informel et n’a donc aucune protection sociale

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En théorie, ceux qui disposent de contrats de travail en bonne et due forme ou, mieux encore, sont salariés du secteur public, ont accès à des mutuelles ou bénéficient de soins gratuits. En pratique, ce n’est pas si simple : policiers et militaires, par exemple, sont pris en charge dans des structures médicales souvent mal équipées.

« À l’hôpital du camp, quand l’un de vos proches tombe malade, on vous dit qu’il n’y a pas de médicaments et qu’il vous faut donner de l’argent pour vous en procurer », explique Charles, un militaire de 33 ans. Ceux qui le peuvent vont donc se faire soigner ailleurs.

Et lorsque ce n’est pas l’argent qui pose problème, les patients se trouvent confrontés à l’éloignement géographique : la RD Congo est divisée en 600 zones de santé et ne compte, au total, que 250 hôpitaux généraux de référence. Totalement insuffisant pour couvrir un territoire aussi vaste et répondre aux besoins d’une population de plus de 80 millions d’habitants.

Déshumanisation des services

Et même si quelques efforts récents ont été faits pour prévenir les épidémies, le système se révèle, de l’aveu même d’un responsable du secrétariat général de la Santé, « désarticulé, inégal et inefficace », ce qui se traduit par un exercice anarchique des activités de santé, par des soins de qualité douteuse et par une déshumanisation des services offerts.

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Félix Tshisekedi avait annoncé que la santé serait l’une des priorités de son mandat. Mais le gouvernement dirigé par Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’a réservé à ce poste qu’environ 7 % du budget, bien loin de l’objectif de 15 % que l’ensemble du continent s’était fixé à Abuja en 2001.

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