Maroc : Mohamed Amekraz, la Jeunesse du PJD au ministère du Travail

La nomination surprise de Mohamed Amekraz à la faveur du dernier remaniement procède d’une demande de Mohammed VI. Retour sur le parcours de ce jeune ministre du Travail, qui continuera à diriger la Jeunesse du PJD.

Portrait de M. Mohamed Amkraz, nouveau ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle lors de la de passation des pouvoirs, jeudi (10/10/2019) à Rabat, avec son prédécesseur M. Mohamed Yatim. © MAP

Portrait de M. Mohamed Amkraz, nouveau ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle lors de la de passation des pouvoirs, jeudi (10/10/2019) à Rabat, avec son prédécesseur M. Mohamed Yatim. © MAP

fahhd iraqi

Publié le 8 novembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Alors que la Jeunesse du Parti de la justice et du développement (PJD) donnait du fil à retordre au chef du gouvernement, voilà que son leader est propulsé ministre. « Que Mohamed Amekraz devienne ministre est une curiosité des temps. » Ce propos de Saadeddine El Othmani lève en partie le voile sur les raisons de la nomination du nouveau ministre, alors que son nom ne figurait pas dans la liste des ministrables.

Cette « surprise », le chef du gouvernement admet ne pas en avoir le mérite. « Sa Majesté m’a recommandé de proposer un profil parmi les jeunes de notre parti », a-t-il ainsi confié aux membres du secrétariat général de la formation islamiste. C’est donc une requête royale qui a fait le bonheur de ce trentenaire natif du Souss, pur produit de la machine PJD.

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Ascension fulgurante

Il y a à peine dix ans, Mohamed Amekraz était encore enseignant dans une école primaire à Tiznit. Un métier qu’il a exercé pendant six ans tout en se lançant dans un projet d’aviculture. Il poursuit en parallèle des études de droit à la faculté d’Agadir pour accéder quelques années plus tard au barreau. « Il assistait à l’époque aux conférences que nous animions dans les universités, mais il restait relativement discret et réservé », raconte Bilal Talidi, une des figures du Mouvement unicité et réforme (MUR), base arrière idéologique du PJD.

Dans la Jeunesse du parti, Amekraz gagne en crédibilité, devient le responsable régional du Souss et fait ses premières gammes lors des communales de 2009. Deux ans plus tard, il figure en bonne place sur la liste nationale du PJD et se retrouve député à 26 ans. Toujours aussi discret, il décroche un nouveau diplôme supérieur en droit. En 2017, il tente sa chance lors des élections partielles à Agadir. Échec.

Il ne disparaît cependant pas de la scène partisane pour autant, car il va se distinguer en défendant les jeunes du PJD poursuivis pour apologie du terrorisme après l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie. En février 2018, son mentor Khalid El Boukarai lui cède les clés de la Jeunesse du PJD.

Realpolitik

Àvl’époque il ne s’attendait pas à devenir ministre d’El Othmani, Amekraz estimait que « le combat existentiel pour la Jeunesse du PJD est d’affronter le dirigisme, “Attahakoum” ». En empruntant le terme à Abdelilah Benkirane, dont il avait défendu la candidature pour un troisième mandat à la tête du parti, il se positionnait en chantre de l’indépendance des structures politiques. « On ne peut pas parler de pluralisme et de différence si les instances politiques sont télécommandées », répétait-il.

Mohamed Amekraz devrait garder sa double casquette de ministre et de secrétaire général de la Jeunesse du parti

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Mais il n’est pas dit qu’il s’appliquera sa propre doctrine. Mohamed Amekraz devrait garder sa double casquette de ministre et de secrétaire général de la Jeunesse du parti. « C’est peut-être même dans le deal passé avec le chef du gouvernement, explique un connaisseur des rouages du PJD. Il pourrait conserver le titre de secrétaire général et déléguer la gestion opérationnelle à son second. » Realpolitik made in PJD.

Au fil de ses dix-huit mois à la tête de la Chabiba, Amekraz a tempéré ses critiques sur la crise interne du PJD et s’est mué en franc-tireur contre les rivaux du parti. L’été dernier, il exigeait ainsi de rompre avec le Rassemblement national des indépendants (RNI). « On ne peut pas rester allié avec un parti dont les dirigeants nous accusent de servir un projet obscur », martelait-il. Mais tout cela, c’est du passé !

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