Énergie : l’État malgache à la rescousse de la Jirama
Résolues à sauver de la faillite la compagnie nationale d’eau et d’électricité, les autorités renégocient ses contrats d’achat et cherchent d’autres fournisseurs.
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Dix mois après son élection, le président impose peu à peu son style. Mais réformer de fond en comble un système à bout de souffle ne sera pas une mince affaire !
Le dossier énergétique symbolise à lui seul la volonté du gouvernement de rompre avec les pratiques qui pénalisent depuis des décennies les finances publiques et qui ont mené la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, à la ruine. Depuis des années, la société publique vend sa production à perte.
Au 30 juin, elle cumulait une dette de 412 millions d’euros, après avoir essuyé une perte opérationnelle de 149 millions d’euros lors de l’exercice précédent.Pour maintenir la tête de la Jirama hors de l’eau, l’État l’a subventionnée à hauteur de 78 millions en 2018… Quand l’ensemble du budget annuel de la Santé n’a pas dépassé les 53 millions.
Nouveaux fournisseurs
Afin de sauver la compagnie, le gouvernement a commencé par renégocier ses contrats d’achat d’électricité auprès des producteurs indépendants. Les discussions, entamées dès le 19 février, se poursuivent, avec comme objectif pour les autorités de revoir les prix à la baisse, pendant que les opérateurs se plaignent, eux, des sommes colossales que leur doit toujours la Jirama, donc l’État.
Depuis plus de deux ans pour Enelec, filiale du groupe Filatex, depuis dix-huit mois pour Jovena, du groupe Axian. Cette dernière est également le principal fournisseur de combustibles des centrales thermiques du pays, mais pourrait bien devoir laisser un peu de place sur ce marché estimé à plus de 85 millions d’euros par an. La Jirama, soutenue par le gouvernement, a en effet annoncé son intention d’utiliser ses propres licences d’importations pour lancer des appels d’offres auprès de nouveaux fournisseurs.
Coût de production élevé
Enfin, l’autre front qui reste à ouvrir, cette fois avec l’aval de la Banque mondiale, porte sur l’augmentation des tarifs industriels. Quand les usines profitent de 1 kWh à 5 centimes d’euro, les particuliers paient en moyenne 14 centimes une énergie dont le coût de production revient à plus du double.
En parallèle à ces négociations, la Jirama diversifie ses sources de production, notamment dans les énergies renouvelables. Deux barrages hydroélectriques sont en construction, l’un à Sahofika, pour une capacité de 192 MW, l’autre à Volobe, pour 120 MW, ce dernier étant notamment porté par Axian. La compagnie nationale a également signé des contrats de fourniture dans le solaire avec GreenYellow, du groupe Casino.
Autre piste suivie par les responsables de la Jirama, l’extraction de l’huile lourde de Tsimororo par Madagascar Oil. L’opérateur, qui dispose d’un stock de 100 000 barils commercialisables, a déjà investi 400 millions d’euros supplémentaires et prévoit de doubler cette somme.
Cette production (transformable en fioul lourd sans raffinage) pourrait alimenter les générateurs de la Jirama pour un prix bien inférieur au combustible importé, selon l’exploitant. Mais la route et le port d’évacuation font encore défaut. Les contrats signés dès 2017 entre la Jirama, Madagascar Oil et l’État demeurent inutilisés malgré la visite du ministre des Mines le 4 octobre. En attendant celle d’Andry Rajoelina…
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