Tunisie : Skila vise le marché international avec ses écharpes en soie « 100% fait main »

Après trois ans d’activité et deux levées de fonds réussies, la maison Skila, créatrice d’étoles et d’écharpes, s’internationalise et compte développer de nouvelles gammes.

Malek Hamza, cofondatrice de la griffe, dans la boutique Skila d’El Manar-2, à Tunis. © Ons Abid pour JA

Malek Hamza, cofondatrice de la griffe, dans la boutique Skila d’El Manar-2, à Tunis. © Ons Abid pour JA

Publié le 15 novembre 2019 Lecture : 3 minutes.

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En arborant une écharpe de soie bleue signée Skila lors de sa visite à l’Alliance française de Tunis, en février 2018, le président Emmanuel Macron portait un double symbole : celui d’une jeune entreprise tunisienne et celui du tissage de la soie, un savoir-faire presque tombé en désuétude. Avec le déclin du secteur textile, la bourgade de Sakiet el-Khadem, située entre Mahdia et El Djem, aurait pu continuer de somnoler. Mais, depuis 2017, la petite ville du Sahel tunisien revit au rythme du claquement des métiers à tisser.

« Nous sommes le seul investisseur dans cette zone rurale », précise non sans fierté Malek Hamza, cofondatrice et gérante de Skila, une entreprise écoresponsable créée en 2015. En implantant à l’ombre des oliviers leurs quelque 500 m² d’ateliers de tissage, la femme d’affaires et son époux, Hassine Labiedh, ont réanimé la fibre artisanale d’une population issue d’anciens soyeux qui s’était reconvertie dans les travaux agricoles. Ils ont surtout proposé une formule originale, qui associe les artisans à un projet doté d’un label écologique et équitable. Ici on n’utilise ni eau ni électricité, la seule énergie est humaine.

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Selon la tradition, les hommes tissent à la force des pieds et des poignets, les femmes assurent les finitions délicates. « Les artisans avaient été contraints de réduire leur marge à tel point qu’ils n’intégraient plus leur temps de travail dans les coûts, alors qu’il faut compter huit heures pour réaliser un modèle », explique la chef d’entreprise. Chez Skila, chacun travaille à la carte : il suffit de pousser la porte de l’atelier et de choisir parmi les écheveaux de soie ceux qui composeront l’étole griffée Skila et de s’atteler à la tâche. « Ce temps aménagé est une liberté indispensable à la créativité », assure Malek Hamza.

Valeur patrimoniale et tons chatoyans

Native de Mahdia, la jeune femme, qui se destinait à la profession d’ingénieur, a toujours baigné dans les coutumes locales, dont le tissage des soieries, et dans l’amour de ses grands-mères, qui, toutes deux, portaient un prénom typique de la région : Sit El Kol, dont « Skila » est le diminutif affectueux. « En voyant les difficultés des artisans face au coût des matières premières et ce noble métier disparaître petit à petit, j’ai voulu remettre au goût du jour les tissages de Mahdia, raconte Malek Hamza. Cela s’est imposé comme une évidence. »

L’entreprise peut produire 20 000 pièces par an. © Skila

L’entreprise peut produire 20 000 pièces par an. © Skila

Nous voulons être visibles, mais préférons être rares

En partant de ce savoir-faire mahdois qui, selon les historiens, remonte à l’Antiquité, elle a lancé une collection d’écharpes, d’étoles et de cravates qui a rapidement séduit, tout en se positionnant presque naturellement dans le haut de gamme, compte tenu de la valeur patrimoniale, de la qualité et du fini parfait du « 100 % fait main », mais aussi des tons chatoyants, à la fois uniques et très « tendance » de ses modèles.

Skila dispose aujourd’hui d’une capacité de production de 20 000 pièces par an et, outre sa boutique dans le quartier d’El Manar-2, à Tunis, la marque est présente dans quelques concept-stores de la capitale triés sur le volet. « Nous voulons être visibles, mais préférons être rares », souligne Malek Hamza.

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Deux levées de fonds réussies

Après deux levées de fonds réussies, dont la première auprès de l’investisseur tunisien Zied Toumi, en 2017, et la seconde de 1,7 million de dinars (535 000 euros), au début de cette année, auprès du financier Guillaume Rambourg, la société se développe aussi sur le marché international. En avril 2018, les VIP invités à la Fashion Week de Beyrouth ont reçu en cadeau des écharpes Skila, et, au mois de décembre suivant, la marque a été choisie pour accompagner le lancement du dernier modèle de la DS7 de Citroën à Tunis – au même titre qu’Hermès à Paris et à Shanghai.

Ces bons augures donnent des ailes à la marque, qui, en mai dernier, a installé un bureau à Paris. Désormais représentée au Brésil et au Canada, elle s’apprête en outre à ouvrir une e-boutique. L’atelier de Mahdia va lui aussi se diversifier en créant une gamme en soie sauvage et en préparant une nouvelle collection qui mêlera la soie à d’autres fibres naturelles, dont le cachemire et le lin.

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