Portrait de trois décideurs tunisiens prêts pour l’avenir
Aussi sensibles aux attentes de leurs concitoyens tunisiens que bien introduits dans les milieux d’affaires et de la finance, ces experts des nouvelles technologies savent anticiper les besoins de leur époque.
La Tunisie en pleine révolution culturelle
Au-delà de la lutte contre la corruption et le chômage, de la revitalisation des services publics et de la relance de l’économie, c’est la refonte totale du mode de gouvernance qui est au cœur du projet du nouveau président.
• Aziz Majoul – Chevalier du collectif
Fondateur et directeur général d’Afkar International Development (Afkar ID)
Il aurait pu s’inscrire dans une histoire entrepreneuriale familiale, mais, comme son grand-père, il a préféré écrire seul sa saga. À 33 ans, Aziz Majoul – fils de Samir Majoul, le président de la centrale patronale tunisienne – dirige Afkar International Development (Afkar ID), un cabinet de conseil en stratégie et investissement qu’il a fondé en 2011. Diplômé d’un premier master en banque et finance de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, puis d’un master en sciences politiques et sociologie de la Kennedy School of Government de Harvard, aux États-Unis, Aziz Majoul veut jouer un rôle au cœur de la bataille des idées en connectant les milieux de l’entreprise et de l’économie à l’univers digital et à la sphère sociale, dans le but de remettre le citoyen au centre des enjeux.
Sollicité durant la campagne électorale par les médias ainsi que par les politiques, auprès desquels il s’est fait remarquer pour avoir élaboré un programme électoral qui a remporté un concours à Harvard, le jeune entrepreneur a rapidement acquis une certaine notoriété depuis son retour en Tunisie, en 2016.
Sans étiquette politique, il est décidé à faire bouger les lignes, « avec la volonté de [s]’améliorer et de participer à quelque chose de plus grand », précise celui qui, comme Batman, son super-héros préféré, « veut faire le nécessaire en essayant de [se] rendre utile ». Convaincu que l’époque est à la post-bureaucratie, que la Tunisie peut puiser dans son environnement et dans sa capacité d’innovation pour réussir, et que les objectifs qu’on se donne déterminent le présent, il s’insurge contre un système caduc qui bloque les initiatives, en particulier celles des jeunes.
En l’occurrence, ses objectifs à lui sont de susciter le sens du collectif, de faire réfléchir et de créer à partir de valeurs, de s’émanciper en revendiquant le droit d’être ambitieux et d’agir pour que le pays se transforme. Avec un groupe de jeunes actifs issus de corporations différentes, il a réussi à faire inscrire au programme de l’École nationale d’administration de Tunis une formation en entrepreneuriat social, digital et leadership. Prenant le contre-pied d’une société qui ne pardonne pas l’erreur, il en fait un droit nécessaire à la réussite.
• Emna Kharouf – Au cœur des réseaux du continent
Associée Deloitte, présidente de l’Atuge
À 45 ans, Emna Kharouf couvre l’Afrique francophone pour le cabinet international d’audit et de conseil Deloitte. Son expertise s’étend désormais à dix-huit pays du continent, dont elle loue « le dynamisme, la capacité d’innover et de prendre des risques ». En juin, elle a été élue présidente du conseil d’administration de l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) de l’Hexagone, à travers laquelle elle souhaite « créer des synergies pour faire en sorte que les talents africains contribuent à relever les défis de leurs pays, qu’ils y soient installés ou non ».
Après un premier cycle supérieur à Tunis, puis des études d’ingénieur en automatisation des process à Supelec, à Paris, dont elle sort diplômée en 1998, Emna Kharouf intègre Cap Gemini, où elle met son expertise en systèmes d’information et de gestion au service du secteur bancaire. En 2000, elle intègre le cabinet de conseil en management Altime et, trois ans plus tard, rentre en Tunisie pour y créer une filiale du groupe, qui deviendra leader dans son secteur. En 2012, Altime rejoint le réseau Deloitte, dont Emna Kharouf prend la direction générale pour la Tunisie, et, l’année suivante, elle devient associée du groupe. À Tunis, elle accompagne aussi bien la transformation des entreprises publiques nationales que les stratégies en matière de tourisme, de nouvelles technologies et d’e-gouvernance.
• Iheb Béji – Observateur connecté
Fondateur et directeur général de Médianet
Depuis plus de vingt ans, il scrute la Toile et les tendances qui la traversent. Ingénieur diplômé de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon (Insa), Iheb Béji, 45 ans, est un pionnier du développement du web et de l’e-commerce en Tunisie. Il est aussi devenu incontournable dans la lutte contre les fake news et la gestion de réputation sur internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier.
L’observation fine et la veille qu’il opère avec les équipes de son agence digitale, Médianet, permettent d’assurer d’autres services, tels que le référencement ou le suivi du comportement des internautes tunisiens, voire africains. Des données utiles aussi bien au marketing des marques qu’aux partis politiques ou même aux sociologues. L’état d’esprit qui prévaut à Médianet est proche de celui d’un laboratoire : on y développe un travail collaboratif et on y mène des réflexions collectives. Une approche innovante qui transparaît sur le blog de la société, ainsi que dans les pages de son magazine, DigitalNews, qui fait le lien avec le grand public.
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