Avec « Jesus Is King », Kanye West essaie de redorer son blason

Après ses dernières saillies (soutien à Donald Trump, affirmations selon lesquelles les esclaves avaient choisi leur condition…), Kanye avait bien besoin de redorer son blason. Et quoi de mieux qu’un petit passage par le confessionnal pour s’offrir une rédemption express ?

Kanye West, le 6 novembre 2019 à New York. © Evan Agostini/AP/SIPA

Kanye West, le 6 novembre 2019 à New York. © Evan Agostini/AP/SIPA

leo_pajon

Publié le 14 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Son neuvième album, Jesus Is King, est autant une ode sincère au Tout-Puissant qu’une mise en scène de sa propre mutation religieuse. Car l’ultra-mégalo « Yeezus » a changé. Depuis janvier, le rappeur donne des offices, les « Sunday Service », dans la banlieue de Los Angeles, où il vit avec son épouse, Kim Kardashian. Une grande chorale de 80 personnes l’assiste et se déplace en sa compagnie pour de grandes messes ambulantes (dans la tradition des Églises baptistes) de Chicago au festival de Coachella.

C’est d’ailleurs cette chorale gospel qui inaugure avec le titre « Every Hour » un album garanti sans juron, ni autres références démoniaques au sexe ou à la drogue. Dans une interview pour la radio Beats 1, Kanye West révélait même qu’il avait exigé de ses collaborateurs non mariés qu’ils n’aient pas de relations sexuelles lors de la conception du disque. Un puritanisme tardif pour celui qui était encore en septembre 2018 le directeur artistique des Pornhub Awards, une cérémonie récompensant les meilleures performances pour adultes.

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Mais il serait malhonnête de voir dans ce nouvel album très court (vingt-sept minutes) un simple coup de marketing. D’abord parce que la star aux vingt et un Grammy Awards évoquait déjà sa foi dans « Jesus Walk »… un titre paru il y a quinze ans. Et que cette thématique ressurgit régulièrement depuis dans son œuvre, jusqu’au très égocentrique (et blasphématoire) « I am a God », en 2013.

Eau bénite

Mais aussi parce que l’artiste réalise une exploration sincère de sa foi et qu’il fait preuve, comme d’habitude, de remarquables fulgurances artistiques. Sur la deuxième piste de l’album, « Selah », l’orgue d’église, des chœurs et des tambours martiaux ajoutent à l’urgence du message de Kanye West, qui cite l’Évangile selon saint Jean. Sur « Everything We Need », c’est nimbée d’une aura électronique, entre réverbération et vocoder, que la voix de son confrère Ty Dolla $ign entonne « We Began After the Storm Inside »…

Cette image de l’homme qui peut renaître, touché par la grâce de Dieu, est récurrente chez Kanye West. Bref, de cet album trempé dans l’eau bénite surgissent des titres diablement efficaces, parce qu’avec Dieu le rappeur s’est enfin trouvé un sujet à sa mesure. Il a d’ailleurs récemment promis un nouvel opus pour Noël sobrement intitulé Jesus Is Born.

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