Côte d’Ivoire : ceux qui veulent assurer la relève sur la scène politique

Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, Kouadio Konan Bertin et Mamadou Touré. Sur la scène politique ivoirienne, les quatre hommes symbolisent cette génération fatiguée de ronger son frein. Quelle est leur stratégie ? Comment voient-ils leur avenir ?

De gauche à droite : Charles Blé Goudé, Kouadio Konan Bertin, Guillaume Soro et Mamadou Touré. © Photomontage / Photos : Vincent Fournier / JA

De gauche à droite : Charles Blé Goudé, Kouadio Konan Bertin, Guillaume Soro et Mamadou Touré. © Photomontage / Photos : Vincent Fournier / JA

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Publié le 13 novembre 2019 Lecture : 3 minutes.

• Charles Blé Goudé (Cojep) : « Je ne suis pas pressé, mais je m’organise »

Détenu à La Haye, l’ex-secrétaire général Charles Blé Goudé a maintenu le contact avec la Fesci. © ICC-CPI

Détenu à La Haye, l’ex-secrétaire général Charles Blé Goudé a maintenu le contact avec la Fesci. © ICC-CPI

Même s’il est toujours coincé à La Haye, aux Pays-Bas, en attendant un éventuel procès en appel, et même si la justice ivoirienne a annoncé qu’elle allait le juger pour des faits remontant à 2010 et 2011, Charles Blé Goudé ne peut s’empêcher de rêver à un retour au pays. L’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo s’active : transformation du Cojep en parti politique, vidéoconférences avec ses partisans à Abidjan, il prépare le terrain.

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La présidence ? Il y pense, mais pas pour 2020. « Mon ambition, pour l’heure, c’est de servir mon pays, quel que soit le poste. Je ne suis pas obligé d’être chef de l’État, mais je veux faire partie de ceux qui dirigent », affirme-t-il sans détour. N’ayant rien perdu de sa verve, il se dit serein : « La transition est naturelle, ce sont les lois de la nature, cela finira bien par arriver. Je ne suis pas pressé, mais je m’organise. Je ne veux pas me faire surprendre. »

• Guillaume Soro (GPS) : « On n’aurait pas pu mieux s’y prendre pour me pousser à être candidat »

Guillaume Soro à Abidjan, le 21 novembre 2018. © Issam Zelji/TRUTHBIRD MEDIAS pour JA

Guillaume Soro à Abidjan, le 21 novembre 2018. © Issam Zelji/TRUTHBIRD MEDIAS pour JA

« J’ai désormais une barbe grise et beaucoup d’expérience. » Jeune ? Guillaume Soro ne veut pas trop l’être à l’heure où il se lance dans la course à la présidentielle de 2020. Seul quadra sur la ligne de départ, il est un vieux routier de la politique : à 47 ans, il a déjà été chef du gouvernement, à la tête d’une rébellion et président de l’Assemblée nationale.

En 2011, c’est nous qui l’avons installé à la présidence. Sans nous, il ne serait rien !

Son moteur ? Ce n’est « ni la vengeance ni la revanche », assure-t-il, mais peut-être l’envie d’en découdre face aux promesses non tenues. « Avec Ouattara, c’est une grande trahison, dit-il. En 2011, c’est nous qui l’avons installé à la présidence. Sans nous, il ne serait rien ! Juste après la crise, il m’a demandé de rejoindre son parti et de dissoudre les FN [Forces nouvelles]. En échange, il m’avait assuré que je resterais Premier ministre encore cinq ans. Mais quelque temps plus tard, on est venu me dire qu’il fallait laisser le fauteuil au PDCI. Le chef de l’État m’avait promis le poste de numéro deux du RDR, mais je l’attends toujours. »

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Selon certaines sources, devant Blaise Compaoré, Alassane Ouattara aurait aussi dit à Guillaume Soro qu’il serait son dauphin. « Comme un homme dont la femme a mis les affaires sur le palier », le candidat assure « qu’on n’aurait pas pu mieux s’y prendre pour [le] pousser à être candidat ». Isolé mais combatif, il conclut : « Je suis encore un grand type ! »

• Kouadio Konan Bertin (PDCI) : « La politique, c’est comme le football »

Kouadio Konan Bertin à Abidjan le 23 septembre 2013. © Nabil Zorkot pour JA

Kouadio Konan Bertin à Abidjan le 23 septembre 2013. © Nabil Zorkot pour JA

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« Je suis venu reprendre du service », explique Kouadio Konan Bertin (« KKB »). Après six années de froid avec le chef de son parti et à un an de la prochaine présidentielle, l’enfant turbulent du PDCI a fait la paix avec Henri Konan Bédié, mi-octobre.

« La politique, c’est comme le football, on ne gagne pas seul, mais toujours en équipe, dit-il. En 2015, j’ai été candidat car le parti avait refusé de concourir, mais, en 2020, il sera bien présent, c’était donc normal que je rejoigne ses rangs. Je n’ai aucun agenda personnel. »

• Mamadou Touré (RHDP) : « Le pouvoir pour le pouvoir, ça ne m’intéresse pas »

Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes. © Vincent Fournier/Jeune Afrique/mars 2018.

Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes. © Vincent Fournier/Jeune Afrique/mars 2018.

Il éclate d’un grand rire : « Une ambition présidentielle ? Je n’en ai aucune ! » Il est l’un des quadras les plus en vue du parti au pouvoir et devrait être l’une des chevilles ouvrières de la campagne du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, si ce dernier se déclare candidat.

Mais Mamadou Touré joue l’humilité et la discrétion. « Le plus important, c’est d’apporter sa contribution au développement de son pays. Le pouvoir pour le pouvoir ne m’intéresse pas, explique-t-il. Contrairement à d’autres… »

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