Tunisie : le malaise de l’appareil judiciaire
Interférences politiques, infrastructures vieillissantes, effectifs insuffisants, réformes gelées… Le malaise grandissant au sein de l’appareil judiciaire menace de paralysie l’institution tout entière.
La scène dit tout de l’imbroglio kafkaïen dans lequel est plongée la justice tunisienne depuis des mois. Le 27 septembre, baptisé « jour de la colère » pour la circonstance, le barreau s’était donné rendez-vous à Bab Benat, devant le tribunal de Tunis, pour contester une décision du parquet. Quelques jours auparavant, le procureur général près le tribunal de première instance de Tunis avait ouvert une information judiciaire contre des avocats du comité de défense de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, deux leaders de la gauche nationaliste assassinés en 2013.
Leur tort ? Avoir organisé un sit-in dans le bureau du procureur de la République pour le pousser à classer ou à transférer l’instruction sur « l’appareil secret » du mouvement Ennahdha. Leur évacuation par la force publique avait suscité l’émoi dans l’opinion publique et dans le milieu des robes noires. Et créé un dangereux précédent dans les annales de la justice. « Le droit à la défense est une garantie fondamentale pour l’indépendance du pouvoir judiciaire », tonnent à leur tour les robes rouges, qui ont rejoint le mouvement.
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