Emanuela Del Re : « Le continent perçoit la moitié de l’aide au développement de l’Italie »

Membre du Mouvement 5 étoiles, la vice-ministre italienne des Affaires étrangères a été reconduite dans le second gouvernement de Giuseppe Conte. Sociologue, spécialiste des migrations, Emanuela Del Re a vécu et souvent voyagé en Afrique, où elle a mené des recherches dans les zones de conflit.

La Député et Vice-Ministre des Affaires Etrangères Emanuela Del Re, lors d’un Sommet à Londres en juillet 2018. © Leon Neal/AP/SIPA

La Député et Vice-Ministre des Affaires Etrangères Emanuela Del Re, lors d’un Sommet à Londres en juillet 2018. © Leon Neal/AP/SIPA

Publié le 18 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte, le 4 décembre 2018. © Maurizio Brambatti/AP/SIPA
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Italie : Forza Africa !

Nouveaux marchés, maintien de la paix, question migratoire… Ces dernières années, Rome a intensifié ses relations diplomatiques et ses échanges économiques avec le continent.

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Jeune Afrique : Comment définiriez-vous la relation que l’Italie entretient avec l’Afrique ?

Emanuela Del Re : L’Italie a développé avec l’Afrique un modèle qui lui est propre. L’idée la plus importante est celle d’un partenariat fondé sur une relation d’égalité. Je me réfère souvent au concept d’afropolitanisme [forme de cosmopolitanisme africain], popularisé par l’écrivaine Taiye Selasi.

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L’Afrique est aussi le principal bénéficiaire de notre aide au développement – elle en perçoit environ la moitié. Sur les 22 pays que nous considérons prioritaires, 11 se trouvent sur le continent. Nous avons créé un Fonds pour l’Afrique de plus de 150 millions d’euros en vue de combattre les causes profondes des migrations. Enfin, il y a un intérêt grandissant du secteur privé pour le continent.

Notre plus importante contribution est liée à la mission d’assistance militaire et de formation auprès des forces nigériennes, qui a formé 655 militaires

Votre pays semble porter une attention particulière au Sahel…

Le Sahel est aux portes de la Libye et sur la route des flux migratoires. Les enjeux sécuritaires y sont donc hautement importants. Pour accroître le dialogue politique, l’Italie a récemment ouvert des ambassades à Ouagadougou et à Niamey. Des accords militaires ont été signés avec le Tchad, le Burkina Faso et le Niger.

Notre plus importante contribution est d’ailleurs liée à la mission d’assistance militaire et de formation auprès des forces nigériennes (MISIN), qui a formé 655 militaires. Mais l’Italie est aussi présente sur le plan humanitaire. Nous finançons les missions du HCR et de l’Organisation internationale pour les migrations, à Agadez notamment.

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La question migratoire préoccupe la classe politique italienne. Quelle réponse votre gouvernement compte-t-il y apporter ?

Le gouvernement a entamé une réflexion profonde pour mettre en place une stratégie durable. Nous continuons à promouvoir les corridors humanitaires et les rapatriements, à condition qu’ils soient volontaires et assistés, ainsi que l’investissement dans des régions fragiles comme le Sahel.

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Concernant le Mémorandum signé avec la Libye, des discussions sont en cours en vue de le faire évoluer. Et nous souhaitons qu’un débat public ait lieu au Parlement afin d’impliquer la société civile et les ONG. En Libye, nous aidons à la fois les populations locales et les migrants. L’UE nous a d’ailleurs délégué des projets pour 22 millions d’euros dans 24 villes. Mais nous militons pour un partage des responsabilités au niveau ­européen.

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