Ibrahim Maalouf : « L’Afrique est au cœur de ma musique »

Ultra-prolifique, le trompettiste franco-libanais sort un 11e album studio, S3NS, et renoue avec Oum Kalthoum le temps de quelques concerts. Rapport au continent, projets, procès… La star se confie.

Le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf. © Elodie Ratsimbazafy pour JA

Le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf. © Elodie Ratsimbazafy pour JA

leo_pajon

Publié le 3 décembre 2019 Lecture : 6 minutes.

Dans le quartier chic et branché du Marais, au cœur de Paris, une façade bleu marine aux vitres dépolies cache le QG d’Ibrahim Maalouf. Cinq jeunes, vissés derrière leurs Mac, gèrent la production et la distribution des albums du trompettiste, ainsi que ses concerts… Et il y a fort à faire, comme l’indiquent les innombrables CD et 33-tours du virtuose exposés là. Albums studio, lives, bandes originales de film : la productivité d’« Ibé » (comme il se fait appeler) semble inépuisable.

Dernière livraison, un 11e album studio, S3NS, influencé par la musique latino-américaine. Après une journée d’entretiens non-stop, il reçoit dans son bureau où trône une grande console d’arcade (à laquelle il n’a évidemment pas le temps de jouer). Et toujours avec le sourire… Peut-être aussi parce que Jeune Afrique fait un peu partie de la famille : son oncle, le célèbre écrivain et académicien Amin Maalouf, en fut rédacteur en chef.

Jeune Afrique: Votre nouvel album studio se nourrit d’influences latino-américaines, cubaines… Défendez-vous toujours une « musique créole » ?

Ibrahim Maalouf : Je suis étiqueté « jazzman d’origine arabe », mais l’on oublie qu’une grande partie de ma famille, du côté de ma mère, a des racines en Amérique du Sud. Depuis plus de vingt ans, je baigne dans cette musique, j’ai collaboré avec Omar Sosa, Tito Puentes, Angel Parra, le fils de la grande poétesse chilienne Violeta Parra… Et Lhasa de Sela, chanteuse américano-mexicaine [décédée en 2010], est l’une des premières personnes à m’avoir encouragé à sortir du classique, quand je passais mon temps à passer des concours, pour jouer ce que je suis, à ma manière.

Avant de convoquer dans cet album les pianistes cubains Alfredo Rodríguez ou Roberto Fonseca, vous avez surtout collaboré avec des artistes africains: Natacha Atlas, Angélique Kidjo, Salif Keïta, Amadou & Mariam… Pourquoi ?

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Ce sont ceux qui m’invitent ! L’Afrique est le centre névralgique de ma musique, car elle est au centre de toutes les cultures. La musique arabe ne serait pas ce qu’elle est sans l’influence primordiale de l’Égypte. Aux États-Unis, le jazz, le blues, le gospel… ont tous été nourris au biberon de la musique africaine.

Bien s’informer, mieux décider

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