Belgique-Afrique : à Tervuren, l’AfricaMuseum change de ton

Les cinq ans de rénovation du Musée royal de l’Afrique centrale (AfricaMuseum), l’un des derniers musées coloniaux au monde, ont permis au lieu de revisiter son passé.

Félix et Denise Tshisekedi ont été reçus par le roi Philippe et la reine Mathilde à Bruxelles, le 17 septembre. © Yves Herman/REUTERS

Félix et Denise Tshisekedi ont été reçus par le roi Philippe et la reine Mathilde à Bruxelles, le 17 septembre. © Yves Herman/REUTERS

Publié le 19 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre belge Charles Michel accueille son homologue congolais Félix Tshisekedi  sur la place Egmont à Bruxelles, le mardi 17 septembre 2009 © AP Photo/Virginia Mayo
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Belgique-Afrique : réunion de famille

Bruxelles veut profiter de l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi pour apaiser ses relations avec Kinshasa, son principal partenaire africain. Et, au-delà, réaffirmer sa présence économique et diplomatique sur l’ensemble du continent.

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Sur le mur s’alignent les noms des 1 508 Belges morts pendant la conquête du Congo entre 1876 et 1908. Un mémorial figé dans le temps qu’un jeu d’ombres et de lumières vient désormais troubler. Lorsque le soleil brille, d’autres patronymes viennent se refléter sur la paroi. Ceux des sept Congolais morts pendant l’Exposition universelle de Bruxelles en 1897. Avec cette œuvre, l’artiste congolais Freddy Tsimba a voulu rendre hommage aux millions de ses compatriotes morts dans l’indifférence.

Les cinq ans de rénovation du Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, rebaptisé AfricaMuseum, ont permis au lieu de revisiter son passé. « Il était sans doute l’un des derniers musées coloniaux au monde, souligne Guido Gryseels, son directeur général. Le bâtiment était truffé de références coloniales, les expositions n’avaient guère évolué depuis les années 1950 et continuaient de projeter l’image d’une Belgique dotée d’une mission civilisatrice. Cela en devenait gênant. » Un pavillon tout en verre a émergé aux côtés du bâtiment historique. Les galeries d’exposition ont été réaménagées, et dans une salle à l’entrée sont ­stockées quelques sculptures, héritées de l’époque du roi Léopold II, « qui n’ont plus leur place dans le musée ».

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Restitution des œuvres

« Nous avons voulu faire un musée qui parle aussi de l’Afrique contemporaine », poursuit le directeur. Ainsi, la salle Afropéa est consacrée aux diasporas. Mais ces travaux ont aussi suscité des polémiques, notamment chez les Congolais de Belgique. « Certains estiment qu’il aurait fallu garder le musée tel qu’il était et en construire un nouveau à côté, détaille Guido Gryseels. D’autres réclament que, au-delà des consultations, un partage du pouvoir dans les décisions leur soit donné. »

Il n’est pas normal que la plus grande collection d’art africain se trouve en Europe

Se pose aussi la question de la restitution des œuvres d’art. « Il n’est pas normal que la plus grande collection d’art africain se trouve en Europe, et je pense qu’une restitution d’œuvres emblématiques est nécessaire, admet Guido Gryseels. Mais, pour le moment, les pays sont plutôt en demande d’aide pour améliorer leur capacité de stockage et de conservation. » Des collaborations ont été engagées avec les musées de Kinshasa et de Dakar. Et des collections rwandaises sont en train d’être numérisées.

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