Maroc : régionalisation avancée, mode d’emploi
Inscrite dans la Constitution de 2011, lancée avec l’élection des premiers présidents de région en 2015, la réforme est en cours mais tarde à produire des résultats tangibles.
C’est l’effervescence au troisième étage de l’annexe du ministère de l’Intérieur, à Rabat. Le 20 décembre se tiendra dans la capitale politique la toute première grand-messe des élus régionaux, organisée par la Direction générale des collectivités locales (DGCL). « Ces assises visent à rassembler les 700 membres des 12 conseils régionaux, explique le wali Khalid Safir, directeur général de la DGCL, afin qu’ils puissent échanger sur leurs expériences et faire le point sur l’avancement de ce gigantesque chantier qu’est la régionalisation avancée. »
Le polytechnicien, expert en finances publiques et en gestion territoriale, suit le processus depuis ses balbutiements. Ancien secrétaire général du ministère des Finances et wali de Casablanca de 2013 à 2017, il a vécu sur le terrain l’entrée en vigueur de la loi organique sur la régionalisation avancée, qui introduit un nouveau découpage territorial, s’accompagne d’un nouvel arsenal juridique et, surtout, prévoit des transferts de compétences inédits. Une entreprise titanesque, qui prendra plusieurs années.
« La loi organique octroie notamment aux régions la responsabilité d’assurer l’attractivité économique. C’est une nouvelle prérogative, et toute la difficulté est de définir précisément quelles compétences doivent être transférées », explique un président de région. Le cadre juridique et procédural laisse une grande marge d’interprétation aux différents acteurs du dossier, et ce malgré l’adoption de deux nouvelles lois et de soixante-huit textes réglementaires. Sans compter les luttes de territoire entre directions centrales et conseils locaux…
« Prenez l’exemple des zones industrielles, poursuit notre source. Le département de tutelle ne veut pas les lâcher au profit des régions. Idem pour la formation professionnelle, pour laquelle le ministère nous demande juste de construire des infrastructures et de lui en laisser la gestion. »
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