Belgique-Afrique : les affaires reprennent

Entre les missions économiques de plus en plus fréquentes et le recentrage de son aide au développement, le royaume et ses entreprises font plus que jamais de l’Afrique leur priorité.

Les représentants de près de 400 entreprises belges et de nombreux responsables politiques ont accompagné la princesse Astrid de Belgique (au centre) dans sa mission économique au Maroc. Ici à Casablanca, le 28 novembre 2018. © DIRK WAEM/BELGA/AFP

Les représentants de près de 400 entreprises belges et de nombreux responsables politiques ont accompagné la princesse Astrid de Belgique (au centre) dans sa mission économique au Maroc. Ici à Casablanca, le 28 novembre 2018. © DIRK WAEM/BELGA/AFP

Publié le 18 décembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Le Premier ministre belge Charles Michel accueille son homologue congolais Félix Tshisekedi  sur la place Egmont à Bruxelles, le mardi 17 septembre 2009 © AP Photo/Virginia Mayo
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Belgique-Afrique : réunion de famille

Bruxelles veut profiter de l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi pour apaiser ses relations avec Kinshasa, son principal partenaire africain. Et, au-delà, réaffirmer sa présence économique et diplomatique sur l’ensemble du continent.

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« C’était la plus grande mission économique jamais organisée », a salué la princesse Astrid de Belgique, la sœur du roi Philippe, en clôture de son voyage au Maroc, à la fin de novembre 2018. Bien sûr, la mission en Chine qui s’est achevée le mois dernier a attiré davantage d’entrepreneurs, mais ils étaient près de 400 à avoir fait le déplacement à Casablanca. C’est que l’Afrique fait plus que jamais partie des priorités du royaume.

« Le continent figure systématiquement depuis trois ans à l’agenda des missions princières », confirme Guillaume de Bassompierre, attaché économique de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex) en Côte d’Ivoire et représentant des régions Flandre et Bruxelles-Capitale dans le pays.

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Depuis 2013, l’Afrique du Sud, l’Angola et la Côte d’Ivoire ont également accueilli ce type de missions. L’an prochain, ce sera au tour du Sénégal, où la région de Bruxelles vient d’ouvrir un poste d’attaché commercial. Pour la Côte d’Ivoire, en 2017, « pas moins de 235 entreprises avaient fait le déplacement, se souvient Guillaume de Bassompierre. Dans la foulée, des groupes d’ingénierie comme Tractebel et John Cockerill (ex-CMI) s’y étaient installés. On a aussi vu des initiatives intéressantes émerger, comme celle de Puratos, fournisseur mondial de chocolat, qui a commencé à faire de la transformation de cacao dans le pays ».

La région se positionne de plus en plus sur la transition écologique

« En Afrique, les missions bi- ou trirégionales ont vraiment du sens, car on joue sur la complémentarité dans les secteurs en fournissant un large éventail de solutions », reconnaît Bénédicte Wilders, conseillère stratégique pour l’agence de développement hub.brussels. De fait, les régions flamande, wallonne et bruxelloise cultivent chacune leurs spécificités. Bruxelles-Capitale est axée sur les services, qui comptent pour 90 % de son PIB et 50 % de ses exportations.

« Dans les 40 % restants, il y a une part de services exportables, par exemple dans le juridique et la traduction, mais aussi dans les énergies renouvelables ou l’écoconstruction. La région se positionne de plus en plus sur la transition écologique, explique Bénédicte Wilders. Le bureau d’architectes A2M, spécialisé dans ce domaine, a ainsi déjà conçu deux de nos ambassades, l’une à Rabat, l’autre à Kinshasa, ce qui lui permet d’être présent dans ces deux pays. » Le principal groupe de construction belge, Besix, a entamé l’édification de l’une des plus hautes tours d’Afrique au Maroc, la Bank of Africa Tower.

Les diasporas sollicitées

Grâce au port d’Anvers, la Flandre se distingue tout particulièrement dans le secteur portuaire, aussi bien dans la logistique que dans les activités connexes comme le dragage, la construction de grues ou de câbles. En janvier 2018, le port d’Anvers s’est d’ailleurs vu confier la gestion de celui de Cotonou par les autorités béninoises pour une durée de dix ans. « Du fait de son statut semi-public, l’entité flamande a su rassurer les Béninois, sans doute moins enclins à une réelle privatisation », indique un proche du dossier.

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La Wallonie, enfin, affiche elle aussi des compétences historiques, notamment dans le domaine de l’eau. La Société wallonne des eaux (SWDE) intervient depuis dix ans au Bénin et gère des projets en RD Congo et en Guinée. Les PME issues de la région francophone travaillent dans les domaines de la santé animale, de l’agro-­industrie ou de l’industrie avicole.

Nous avons la volonté d’améliorer le climat d’investissement en faveur du privé au Bénin, au Sénégal, en Guinée, au Rwanda et au Burkina Faso

Outre ces initiatives privées, Enabel, l’agence fédérale belge de développement, a opéré ces deux dernières années un recentrage sur le continent africain, où se trouvent quinze de ses dix-neuf pays partenaires. Au rang des priorités figurent la coopération avec les pays fragiles, au Sahel en particulier, mais aussi la transition numérique et le développement du secteur privé local. Enabel va notamment former des experts marocains en informatique dont la moitié viendra travailler en Belgique par le biais d’un accord avec le patronat flamand. L’agence s’est également donné pour mission d’inciter les investisseurs à miser sur l’Afrique. Une initiative en particulier vise à inciter les Marocains vivant en Belgique à investir dans leur pays d’origine. « Nous avons la volonté d’améliorer le climat d’investissement en faveur du privé au Bénin, au Sénégal, en Guinée, au Rwanda et au Burkina Faso », précise Jean Van Wetter, le directeur général d’Enabel, citant en exemple « la mise en place de zones franches au Sénégal ».

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