[Tribune] Pourquoi les partenariats public-privé sont l’une des clés du développement
Le partenariat public-privé peut aider l’Afrique à relever le défi du financement de ses infrastructures, à condition d’être accompagné par le cadre adéquat et selon des contrats équitables.
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Jean-Fidèle Otandault
Jean Fidèle Otandault est expert-comptable, ancien ministre gabonais du Budget et des Comptes publics, ancien ministre de la Promotion des investissements.
Publié le 20 décembre 2019 Lecture : 3 minutes.
Gabon : enfin la relance ?
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Comment financer le déficit d’infrastructures en Afrique ? Comment diversifier les économies du continent, dont beaucoup dépendent encore des matières premières, tout en favorisant un développement durable ?
Si les partenariats public-privé (PPP) ont longtemps été décriés, ils sont pourtant aujourd’hui l’une des solutions à envisager. Le continent est la partie du monde où l’on voit les plus grands chantiers et des investissements majeurs, notamment en Afrique centrale.
D’après des estimations de la Banque africaine de développement, 130 à 170 milliards de dollars par an sont nécessaires pour développer les infrastructures du continent. À la difficile mobilisation du financement se sont ajoutés ces dernières années les effets pervers de son externalisation totale, certains États perdant le contrôle de ressources potentielles générées par l’actif ou l’infrastructure.
Le développement des PPP suppose des préalables, au premier rang desquels une harmonisation des pratiques. Le premier levier de la mise en place de ce type de financement est l’adoption d’une définition commune et d’un cadre légal. Le Plan stratégique 2011-2020 et la Vision Uemoa ou la Vision Cemac 2025 sont autant d’exemples de la prise en main de la question par les organisations sous-régionales.
Les pays doivent engager des réformes sur les volets financiers, fiscaux, mais aussi politiques
Second point, et non des moindres : les États africains doivent travailler à l’amélioration du climat des affaires au niveau national, ce afin d’attirer les investissements directs étrangers (IDE). Ainsi, les pays doivent engager des réformes sur les volets financiers, fiscaux, mais aussi politiques. Atténuer le risque de non-paiement, limiter l’instabilité politique, adopter des mesures douanières incitatives et lutter contre la corruption sont autant de pistes qui permettront de rassurer les investisseurs potentiels, encore trop frileux.
Une machine en marche
Certains États ont déjà décidé de relever ce défi, car, ils l’ont bien compris, les PPP peuvent être l’avenir du continent. Le Gabon a notamment choisi de leur consacrer un ministère. Son but ? Booster les IDE, estimés à 9,5 milliards de dollars, un montant bien trop modeste qu’il faut désormais doubler. Depuis près de dix ans, le pays est en effet engagé dans une entreprise de diversification économique et met le paquet pour attirer les investisseurs (la création de la zone économique de Nkok en est un exemple). En effet, pour le pays, les PPP sont une solution pour élargir la base de recettes budgétaires.
Et la machine est en marche. Un exemple : à partir d’un investissement total de 300 millions d’euros, le Gabon et le fonds d’investissement français Meridiam ont récemment formé deux PPP afin de construire une centrale hydroélectrique et une route. Le fonds détiendra 60 % de la centrale, dont l’objectif est de produire 13 % de l’électricité de Libreville.
Les pays africains qui ont une croissance de 8 % sont ceux qui attirent plus d’IDE et concluent des PPP. Les chiffres le prouvent. Selon le World Investment Report publié en juin, alors que les investissements mondiaux sont en baisse pour la troisième année consécutive, l’Afrique échappe à cette tendance. En effet, les IDE y sont en hausse de près de 11 % ; une bonne nouvelle pour le continent, même s’il représente toujours une infime part des flux financiers mondiaux (3,5 %).
Miser sur les PPP est peut-être le moyen de sortir de la dépendance financière des organisations internationales
Les États africains l’ont bien compris : miser sur les PPP est peut-être le moyen de sortir de la dépendance financière des organisations internationales. Et de financer le développement sans recourir systématiquement à l’emprunt, dont le montant étrangle certaines économies depuis de trop nombreuses années.
Mais attirer les financements est une chose, établir des partenariats gagnant-gagnant en est une autre. Or il s’agit d’un point crucial pour les États africains. Le respect des bonnes pratiques par les multinationales et la conclusion de deals équitables doivent être exigés par les dirigeants.
Autre piste : les PPP devront s’appuyer sur le tissu d’entreprises locales, en incluant les PME et les artisans, afin de favoriser le développement économique, l’emploi et la croissance inclusive.
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