Tunisie – Seifeddine Makhlouf : « Al Karama est plus révolutionnaire qu’Ennahdha »

Minoritaire à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et absente des ministères, la coalition Al Karama veut penser « hors du cadre » tout en respectant les institutions.

L’avocat Seifeddine Makhlouf, le 3 octobre 2019. © Nicolas Fauqué

L’avocat Seifeddine Makhlouf, le 3 octobre 2019. © Nicolas Fauqué

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Publié le 16 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

« La coalition Al Karama veut avant tout transmettre un message de liberté, dans un État de droit, quelles que soient les croyances », explique Seifeddine Makhlouf, avocat et fondateur de la coalition Al Karama.

Jeune Afrique : Du fait du morcellement de l’ARP, les rapports de force se multiplient. Les tractations en vue de la formation de ce gouvernement traînent. Comment exercer les pouvoirs exécutif et législatif dans ces conditions ? 

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Seifeddine Makhlouf : Rien n’est encore clair. Nous tendons la main à tous ceux qui ont lutté contre la dictature, que ce soit Ennahdha, Attayar ou Echaab. Ce n’est pas un problème d’être minoritaires [21 députés, ndlr] car nous voulons penser hors du cadre, rester hors système si on peut dire, tout en respectant les institutions. Nous ne sommes pas des anarchistes.

Il faut changer la façon de faire de la politique, de manière moins verticale. Nous respectons l’État de droit, les libertés. Mais notre politique est de pousser le prochain gouvernement à être ouvert à d’autres partenaires et à d’autres idées. Nous allons essayer de changer les points de vue sur les débats politiques : par exemple, réclamer des excuses de l’État français et le pousser à dialoguer sur un pied d’égalité afin de réviser les conventions datant du colonialisme. Même si nous sommes minoritaires à l’ARP et absents des ministères, c’est un discours qui peut être partagé par une large frange de la population.

Que votre coalition ne soit pas mentionnée dans le futur gouvernement vous déçoit-il ?

Nous n’avons pas demandé à entrer au gouvernement, nous ne sommes pas intéressés. Nous sommes nouveaux sur la scène politique, il ne faut pas brûler les étapes. Nous savons qu’il y a un veto contre nous de la part de nombreux partis. Si j’étais ministre, je deviendrais vite la cible des médias, des syndicats et des diplomates. Je préfère le travail de député à l’exercice de ce type de pouvoir.

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Malgré votre probable absence du gouvernement, votre alliance avec Ennahdha, parti majoritaire à l’ARP, a été plusieurs fois envisagée. Qu’est-ce qui vous rapproche?

La patrie. Et nous sommes plus révolutionnaires qu’Ennahdha, qui a fait le choix par le passé de s’allier avec Nidaa Tounes. Nous n’avons aucun complexe avec l’islam politique, même si nous ne le représentons pas. La coalition Al Karama veut avant tout transmettre un message de liberté, dans un État de droit, quelles que soient les croyances.

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Nous pourrions très bien un jour accueillir des chrétiens ou des juifs tunisiens dans nos rangs. Nous sommes conservateurs dans le sens où nous avons des traditions et nous sommes contre le libéralisme à tout-va. Nous sommes par exemple contre le mariage homosexuel, que nous jugeons inhumain.

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