Le marocain ONEE à couteaux tirés avec Camwater et l’État camerounais
Le litige entre la Camerounaise des eaux d’un côté et l’État camerounais et Camwater de l’autre s’envenime. La première, filiale du consortium marocain dominé par l’ONEE et Delta Holding, a rejeté le conciliateur camerounais devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.
La première audience en conciliation devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements devait se tenir le 4 novembre. Elle a donné lieu à la récusation de Gaston Kenfack Douajni comme conciliateur, la partie marocaine ne le considérant pas comme neutre.
Magistrat en service au ministère camerounais de la Justice, ce spécialiste de l’arbitrage a dû démissionner deux semaines plus tard, son pays l’ayant remplacé par le Franco-Libanais Dany Khayat, du cabinet Mayer Brown.
Dans ce litige, la Camerounaise des eaux (CDE) reproche à l’État camerounais et à Cameroon Water Utilities (Camwater) d’avoir rompu l’équilibre financier du contrat les liant, en sus du fait que l’administration n’aurait pas honoré toutes ses factures d’eau.
L’État camerounais partie prenante
Filiale du consortium marocain constitué de l’Onee, Delta Holding, Novec et Medz, la CDE évalue le préjudice subi à plus de 60 milliards de francs CFA (91 millions d’euros). À l’origine, la décision prise en 2016 par Paul Biya de ne pas renouveler le contrat d’affermage entre Yaoundé et la CDE, signé en mai 2008, portant sur la production, le transport, la distribution et la commercialisation, sur dix ans, de l’eau potable dans 110 localités du pays.
Nous avons aussi des griefs à faire valoir à l’encontre de la CDE
Le 30 avril 2018, le fermier cessait ses activités, qui revenaient désormais à Camwater. Gaston Eloundou Essomba, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, et Gervais Bolenga, le patron de Camwater, ont chargé Evelyne Memphil Ndi, Jackson Ngnié Kamga et Dominique Nicole Fousse de défendre les intérêts de l’État et de l’entreprise publique dans cette procédure. « Nous avons aussi des griefs à faire valoir à l’encontre de la CDE », insiste une source proche du dossier.
La partie chérifienne, quant à elle, avec comme chef de file l’ONEE, dirigé par Abderrahim El Hafidi, est conseillée par Mohamed El Hajjouji, ancien bâtonnier du barreau de Kenitra. Le tribunal de conciliation, présidé par l’Américain Barton Legum (Dentons) et constitué de Dany Khayat et du Marocain Azzedine Kettani (Kettani Law Firm), entrera dans le vif du sujet à la fin de janvier 2020.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles