Au Gabon, le pétrole au cœur de la politique de relance
Le secteur des hydrocarbures reprend de la vigueur, notamment grâce à la signature de nouveaux contrats d’exploration. Une première depuis cinq ans.
Gabon : enfin la relance ?
Si les récents remaniements au sein du cabinet présidentiel et du gouvernement ont inquiété les uns et déconcerté les autres, ils ont aussi et surtout clarifié la situation au sommet de l’État : un an après son AVC, Ali Bongo Ondimba est bel et bien de retour aux commandes de l’exécutif et dicte le tempo.
Un nouveau code pétrolier, plus attractif pour les investisseurs, promulgué en juillet. Neuf contrats d’exploration signés depuis le mois d’août – une première depuis cinq ans ! – et trente-cinq blocs offshore mis aux enchères jusqu’en janvier 2020… Le Gabon semble mettre toutes les chances de son côté pour relancer sa production d’hydrocarbures.
Depuis la mi-2014, la chute des cours du baril de brut au niveau mondial a mis en difficulté le secteur pétrolier au Gabon, qui jusqu’alors tirait en moyenne 60 % de ses recettes d’hydrocarbures. Sans compter le déclin de la production. L’économie tout entière du pays a été touchée par cette crise, à laquelle est venu s’ajouter le lot d’incertitudes et de troubles politiques liés à la présidentielle, en 2016.
Licenciements économiques et cessations d’activités se sont ensuivis. En octobre 2017, la major américaine Shell a cédé ses actifs à Assala ; à Port-Gentil, la capitale pétrolière, le taux de chômage a augmenté et, entre 2014 et 2019, le pays n’a signé aucun nouveau contrat d’exploration.
Forages offshore prometteurs
Mais la tendance semble s’inverser. Selon la Direction générale des hydrocarbures (DGH), la production aurait augmenté de 11 % en un an, entre 2018 et 2019. L’objectif est d’augmenter la production pour qu’elle atteigne 300 000 barils par jour (b/j) en 2021, contre 194 000 en 2018 (selon le rapport statistique annuel 2019 de BP).
Le pays se tourne surtout vers l’offshore, la majorité des champs onshore étant en état de maturation
« Certains pétroliers ont recommencé le forage en 2017-2018, et la reprise se fait sentir depuis le dernier trimestre 2018 environ », confirme Sylvain Mayabi Binet, secrétaire général de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep).
Aujourd’hui, le pays se tourne surtout vers l’offshore, la majorité des champs onshore étant en état de maturation, même si cela n’empêche pas les entreprises d’essayer d’y rentabiliser leurs puits. Par ailleurs, certains de ces gisements ont encore des potentiels gaziers, comme le site d’Olowi, exploité par le franco-britannique Perenco, indique-t-on au ministère.
Chômage et reconversion
Côté offshore, ces six derniers mois, le pays a signé neuf nouveaux contrats d’exploration et de partage de production (CEPP) conformes aux termes du nouveau code pétrolier, dont deux, au début d’août, avec la major malaisienne Petronas : Yitu (F12) et Meboun (F13), situés au large de la côte sud du pays, qui couvrent une superficie de plus de 4 300 km2.
Malgré ces nouveaux investissements et l’augmentation de la production sur les champs existants, les effets de la relance ne se font pas encore pleinement sentir. Il faudra attendre entre cinq et dix ans, le temps de l’exploration et de la phase de développement, pour que les opérateurs puissent commencer à exploiter de nouveaux blocs.
Nous ne remarquons pas une baisse du chômage à Port-Gentil, car en même temps que certains postes d’emploi se créent d’autres continuent de disparaître
Selon l’Onep, on ne peut pas non plus observer de véritable relance en matière d’emplois pour le moment. « Nous ne remarquons pas une baisse du chômage à Port-Gentil, car en même temps que certains postes d’emploi se créent d’autres continuent de disparaître », constate Sylvain Mayabi Binet. De nombreuses compagnies pétrolières ont par ailleurs profité de la crise pour mettre en place des « programmes d’assainissement » au niveau du personnel, précise l’Onep.
En attendant une « véritable relance » pour pallier le problème du chômage dans les différents métiers liés au secteur, le ministère des Hydrocarbures et des Mines tente de mettre en place des mesures d’accompagnement, et, en juin, il a organisé un forum sur la reconversion professionnelle et l’employabilité des jeunes.
Gabon : un code attractif
Promulgué en juillet 2019, le nouveau Code des hydrocarbures, qui remplace celui de 2014, a été pensé pour favoriser le retour des opérateurs privés. Exit l’impôt sur les sociétés, qui avait été fixé en 2014 à 35 % du « profit oil » – c’est-à-dire la « production restante » après déduction de la part affectée au remboursement des coûts (« cost oil ») dans le système de partage de production entre l’État et la compagnie pétrolière. Il est purement et simplement supprimé.
Côté taxes, la « redevance minière proportionnelle » (RMP) versée à l’État et donnant droit d’exploiter son sous-sol est plus favorable à l’opérateur. Dans les contrats d’exploitation et de partage de production (CEPP), qui représentent la majorité des contrats signés, la part maximale de l’État est passée de 50 % à 40 %.
Quant aux participations de l’État dans les CEPP, qui peuvent être transférées à la société nationale, Gabon Oil Company (GOC), elles ne peuvent dépasser 10 % de la part d’intérêts, contre 20 % dans le Code de 2014. Enfin, la participation maximale de l’État dans le capital social de l’entreprise passe de 20 % à 10 %.
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